Cette page d’agenda est consacrée au croquis d’un tronc d’arbre se dédoublant. Les traits, libres et rapides, esquissent son contour ainsi que l’écorce rugueuse et entr’ouverte, décharnée presque, comme celle des bouleaux. On entrevoit deux branches épaisses s’ouvrir en V. Deux autres branches, très fines, prenant vie d’un simple trait de crayon, sont tournées vers le bas. Ce dessin nait vraisemblablement d’une observation directe.

L’arbre dépouillé, ainsi que les branches sèches, constituent un motif récurrent dans l’œuvre picturale de Louis Rivier. On est en décembre et les arbres ont perdu leurs feuilles, mais on peut aussi se rappeler que l’arbre sec symbolise chez Rivier la finitude. On le retrouve souvent dans les paysages, plongé dans une atmosphère silencieuse et contemplative, mais aussi dans des compositions religieuses représentant le thème de la Crucifixion.

Dans la partie supérieure de la feuille, six notes musicales (fa la di do mi sol) sont écrites, certaines accompagnées d’un dièse. C’est une petite trace de l’intérêt du dessinateur pour le monde de la musique qui occupe une grande place dans la vie de Rivier.

Un arbre à tronc double se retrouve déjà dans un dessin daté de 1911-1912.