Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Portrait de Madame Heyd
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
28/10/1943-30/11/1943
Description iconographique:

Il s’agit du portrait posthume de Madame Heyd, épouse de Richard Heyd, biographe du peintre. La jeune femme est représentée pendant un moment de repos. Sans doute ce portrait peint possède-t-il un modèle photographique qu’aurait pu fournir l’époux à Louis Rivier qui connaissait bien le couple.

La jeune femme est assise sur un banc en pierre surmonté d’un haut dossier qui le transforme en un mur séparant la scène principale d’un paysage dont on aperçoit deux bandes bleues : une très claire représentant le ciel et une, plus foncée, figurant une étendue d’eau (un lac probablement). On entrevoit aussi un massif montagneux, dont les formes et la couleur sont estompées par l’atmosphère. En haut à gauche, sur le parapet, un motif décoratif fait office de tampon et est représenté en trompe-l’œil par le peintre comme s’il était gravé dans la pierre.

Le portrait de Madame Heyd ressort de cet encadrement donné par la pierre jaune clair. La jeune femme occupe une position centrale et regarde le spectateur droit dans les yeux. Ses bras sont tendus souplement sur ses jambes, les bouts des doigts joints. On aperçoit la forme de ses jambes et de ses genoux sous l’ample jupe rouge. Madame Heyd porte une chemise blanche à manches courtes, fermée par de petits boutons noirs. Un médaillon ovale turquoise avec un bord doré est fixé sous son col de chemise, un portrait de profil y est gravé. La jeune femme sourit au spectateur, sa tête est légèrement penchée vers le bas et cela donne au regard une impression de timidité mais aussi de complicité. Ses joues sont légèrement roses, peut-être à cause de la chaleur transmise par la lumière dorée et estivale dans laquelle baigne la composition. Le visage de la jeune femme entouré d’une belle chevelure brune maintenue par un diadème rouge est traité avec un réalisme extrême. Le portrait produit un effet photographique causé par la pose et la netteté du dessin : il renvoie à une sorte d’hyperréalisme.

Ici le procédé spécial qui traduit autant la luminosité que la carnation du visage et des mains est pratiqué avec maestria. Louis Rivier excelle dans cette technique qu’il a inventée et qui lui permet de traduire une vie lumineuse dans les images.

La réduction chromatique à trois couleurs principales, beige (ou jaune clair), rouge et bleu focalise l’attention du spectateur sur l’essentiel : le sourire et le regard de Madame Heyd ainsi que la jupe rouge, agitée de doux mouvements donnés par les plis. Cette impression de vie, d’instantané même, contraste avec le fait qu’il s’agit d’un portrait posthume. En effet, Madame Heyd est décédée en 1941 à 29 ans. Ici, Louis Rivier transcende la mort et confère à l’image le pouvoir de l’animation d’un corps.