Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
La Maternité Nestlé à la manière de Velázquez
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1935
Description iconographique:

Il s’agit d’une allégorie profane sur le sujet de la maternité promouvant le lait en poudre Nestlé. Louis Rivier s’inspire de l’œuvre de Diego Velázquez et, en particulier, des tableaux Portrait de l’infante Marguerite-Thérèse (1660-1665) et Les Ménines (1656), exposés au Musée du Prado à Madrid.

Dans la partie centrale de la composition, légèrement sur la gauche, une fillette habillée somptueusement se tient debout. Elle porte une robe à panier typique de la mode du 17ème siècle à la Cour d’Espagne avec des broderies colorées qui en enrichissent le tissu. Le haut du corps est vêtu d’une chemise blanche à manches bouffantes. Ses cheveux blonds, ornés d’un foulard rouge, sont longs et vaporeux. Pour ce personnage, Louis Rivier s’inspire autant du portrait de l’infante Marguerite-Thérèse que de celui représenté dans Les Ménines.

La jeune fille tient une serviette blanche dans sa main droite et, avec son autre bras, tend une boîte dorée, richement décorée à un bébé qui, dans les bras de sa mère, se penche vers elle pour l’attraper. Il s’agit d’une boîte de lait en poudre.

Sur la droite, la jeune mère est assise sur un siège bas, sorte de tabouret rustique. Elle est tournée de trois-quarts, presque de dos, de sorte que l’on ne voit pas son visage. Elle est habillée d’une manière simple, avec une jupe vert foncé et une chemise blanche à manches courtes. Elle est coiffée d’un chignon et elle est pieds nus. Les vêtements des deux figures féminines soulignent leur appartenance à deux classes sociales fort éloignées. Le bébé est, quant à lui, orienté de profil ; on voit son petit bras, nu et potelé, s’allonger en direction de la fillette. Il sourit et il a l’air content.

Derrière l’infante se tient un cheval, brun foncé vu de dos et de profil, dans une perspective parfaitement maîtrisée. Il tourne la tête en direction de la scène principale. La présence de cet animal est aussi une référence à l’œuvre de Velázquez, dont le pinceau baroque a souvent figuré des chevaux. Dans le tableau Le Prince Balthazar Carlos à cheval (1635) en particulier, on retrouve l’association cheval-enfant.

Aux pieds de l’infante, on remarque un chien, couché, le museau ouvert et le regard tourné vers la jeune mère portant le bébé. Sa présence est une autre référence aux Ménines.

Tout à droite, on entrevoit la façade d’une habitation rurale. Cette maison ancre la scène à la campagne et dans la nature, deux lieux éloignés de la cour, marqués ici de simplicité et de pureté. A l’arrière-plan, le paysage montagneux rappelle certaines vues panoramiques des Alpes suisses. Le ciel est bleu traversé par de nombreux nuages blancs.

Le bord inférieur du tableau est consacré à l’inscription « La maternité Nestlé à la manière de Velázquez » en caractères majuscules.

La lumière provient de la gauche ; elle frappe les trois personnages et la façade de la maison d’une manière directe, laissant dans l’ombre la partie inférieure des vêtements des deux figures féminines ainsi que le sol. Cette manière, aujourd’hui cinématographique, d’enluminer la scène est typiquement baroque. Les lignes courbes prévalent et la composition est structurée à partir de nombreuses diagonales : celle générée par l’ombre sur la robe de la fillette, celle de son bras tendu en direction du bébé, celle du dos du cheval, celle du toit en pente et celles des reliefs à l’arrière-plan, en particulier.

La gamme chromatique est dominée par le rouge, le vert, le bleu, le marron et le blanc. Ce dernier est brillant et rehausse la palette générale. Peut-être, le blanc est souligne-t-il la couleur du lait ?

Rivier compose un pastiche pictural dont les parties sont prélevées dans son œuvre et dans des citations : les paysages qui lui sont familiers, le genre de la mère à l’enfant, les nombreuses références à la grande peinture, ici celle de Velázquez. Le tout est associé, combiné, pour célébrer l’entreprise commanditaire de cette planche publicitaire. Le geste de l’infante est ainsi magnifié : la noblesse de sa classe sociale reflète la noblesse de son action, mais aussi celle de son cadeau : le lait Nestlé.

Louis Rivier est engagé en 1934 par le groupe Nestlé & Anglo-Swiss Condensed Milk Co. pour concevoir des publicités pour le lait en poudre. Le peintre s’inspire de tableaux de maîtres (Velázquez, Vermeer, Van Dick, Van Eyck, Raphaël, David) pour réaliser les six planches « à la manière de ». Dans l’esprit de Louis Rivier, la référence aux grands maîtres a pour but de faire connaître à un large public des œuvres prestigieuses. Il entreprend en quelque sorte une démarche de vulgarisation. Mais on peut aussi y voir un léger jeu de la part du peintre. Rivier s’amuse aussi du détournement qu’il effectue dans ces publicités.