Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Portrait d’Edouard de Cérenville
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1909
Description iconographique:

Ce tableau est un portrait en buste d’Édouard de Cérenville, médecin et pionnier dans divers domaines scientifiques.

L’homme est assis, le buste et le visage orientés de face. De Cérenville regarde droit devant lui ; ses yeux bleu clair sont d’une grande présence. Ses lèvres sont serrées et partiellement cachées par sa barbe grise. Le professeur a un front ample, traversé par quelques rides. Il a des cheveux gris, coupés très courts. Son expression est imperturbable et un brin intimidant. Ses mains se croisent sur le ventre et les bouts des pouces se touchent de sorte que les doigts dessinent un triangle.

L’homme est habillé d’une veste noire, ouverte sur le devant. Il porte un gilet vert amande au-dessous duquel on voit apparaître le nœud d’une cravate bordeaux ainsi que les poignets et le col d’une chemise blanche.

Le cadrage est serré. Les coudes sont hors champ et reposent sur les accoudoirs d’un fauteuil dont on distingue le dossier. Ce dernier fait un arrière-plan à la silhouette du professeur. Le rembourrage du fauteuil est très coloré, caractérisé par des motifs floraux rose, jaune, orange et vert sur un fond bleu électrique. Rivier rend la trame du tissu en « pixélisant » les contours des fleurs comme s’il s’agissait d’une broderie réalisée au point de croix. Les couleurs vives des fleurs, le mouvement voltigeant conféré par leurs pétales, l’effet légèrement clignotant du tissu, s’opposent à la frontalité, à l’immobilité de la posture d’Édouard de Cérenville ainsi qu’à son attitude impassible. Ce contraste évoque certains portraits exécutés par Ferdinand Hodler.

La gamme chromatique est variée : les couleurs atténuées (vert, marron, bordeaux, gris, noir et même le blanc qui est ici nuancé de beige) dominent la partie consacrée au portrait. Les teintes vives du fauteuil rehaussent et avivent la palette générale.

Le corps du professeur et le tissu du fauteuil forment comme un seul plan. Rivier travaille ici un peu à la manière des Nabis et en particulier de Vuillard qui écrase les plans pour donner à la composition un caractère bidimensionnel.

La lumière est frontale et se reflète sur le côté droit du front d’Édouard de Cérenville sur lequel on remarque une auréole de lumière jaune. Les ombres, très discrètes, modèlent les volumes du visage et des mains et obscurcissent les plis de la veste et du gilet ainsi que l’arrière-plan.

Ce portrait est très réaliste, voire hyperréaliste. Rivier porte une attention particulière au rendu de la carnation en atteignant, dans la partie consacrée au visage, des résultats photographiques. On distingue chaque ride ou pli autour des yeux, la transparence de l’iris, chaque poil de la barbe, la luminosité du front, les cheveux légèrement dégarnis sur le devant. Les mains sont aussi peintes avec une grande minutie. On distingue les veines, bleutées et un brin enflées, le rose clair des ongles et les plis des jonctures des doigts. Le peintre porte également une attention particulière au rendu des matières : on imagine la douceur veloutée de la veste et du gilet, mais aussi la rugosité du tissu du fauteuil.

Bien que le regard du professeur s’adresse au spectateur, son esprit semble aller au-delà. La frontalité du buste et de la tête sont contrebalancées par la pose détendue des mains et celle du dos qui semble glisser légèrement vers l’avant du fauteuil. Édouard de Cérenville est comme capturé lors d’un moment de réflexion : la lucidité calme et inventive d’un homme de sciences que Louis Rivier met en scène au travers de ce portrait révélateur.

Édouard de Cérenville (1843- 1915) : « Médecin de l'hôpital cantonal (1870-1882 ; 1888-1898) et premier professeur de clinique médicale à l'Université de Lausanne (1890-1898). C’est l'un des fondateurs de la Ligue vaudoise contre la tuberculose. Disciple de Theodor Billroth et d'Anton Biermer, il devient l'un des pionniers de la thoracoplastie, dans la collapsothérapie de la tuberculose (1885) » (Dictionnaire Historique de la Suisse, DHS, consulté en ligne, auteur : Guy Saudan).