Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Jeune fille au dirndl
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1936
Description iconographique:

Ce portrait représente une jeune fille habillée avec un dirndl, vêtement traditionnel des paysannes des Alpes (Bavière, Autriche, Suisse et Tyrol du Sud, en particulier). La jeune personne est Marion, troisième enfant et première fille du peintre, née en 1915.

Le dirndl se compose d'un chemisier, d’une robe à corset et d’un tablier. Dans ce tableau, Marion est représentée pendant un moment de détente. Elle est assise sur un support que l’on ne voit pas. Buste et visage sont représentés de trois-quarts et occupent une position centrale. La jeune fille porte ses mains aux hanches, les coudes pliés et elle sourit au spectateur. Son regard, aux yeux verts, est de face. La robe à bretelles est rouge garance, la chemise est à manches courtes et bouffantes, ouverte sur un ample décolleté, le petit tablier est vert amande. Les cheveux, noués derrière la nuque, sont bien coiffés et retenus pas un serre-tête rouge. Au poignet droit, elle porte une petite montre en or avec un bracelet en cuir. On arrive à distinguer les aiguilles et l’heure. A l’annulaire de la même main, elle a une bague en or sertie de pierres bleues et blanches disposées en couronne.

Le portrait produit un effet photographique causé par la pose et la netteté du dessin : il renvoie à une sorte d’hyperréalisme. Louis Rivier prête une attention particulière au rendu de la carnation du visage, des bras et des mains. Les lèvres rouges et charnues, le teint de la peau, les joues rosées, la couleur des ongles, aux formes arrondies, appartiennent à une jeune fille en bonne santé. Tous ces détails sont peints avec minutie. Les tissus en particulier (le coton vaporeux de la chemise, l’étoffe plus épaisse de la robe et du tablier) procurent des sensations tactiles. Bien que les plis des manches bouffantes soient plutôt réalistes, le drapé du tablier, est, quant à lui, plus figé et à l’effet sculptural.

Lumière et ombres jouent dans cette composition un rôle important. La lumière est chaude, ambrée et typique de certains intérieurs de la peinture flamande. Les ombres soulignent les doux volumes du corps de la jeune femme : les bras « tubulaires », le visage « ovale », le décolleté « sphérique ». Ses formes, d’une rondeur géométrique, sont délicates et élégantes. Sa silhouette surgit d’un fond neutre et foncé, presque « caravagesque », qui fait ressortir davantage la couleur de son incarnat. D’autres ombres, façonnent les plis des habits.

La réduction chromatique à quatre couleurs principales, rouge garance, vert, noir et blanc, focalise l’attention du spectateur sur l’essentiel : le sourire de la jeune fille, son regard, son assurance, manifestée par sa pose et son attitude, mais aussi sur son vêtement. Ce dernier devient le symbole d’un « type humain » auquel le peintre rend hommage : une jeune femme à l’air assuré et satisfait, à la beauté candide, simple et franche. La lumière et les couleurs, d’inspiration flamande, ainsi que les formes du visage renvoyant au style d’Antonello da Messina, élèvent la figure au rang des grands portraits de l’histoire de l’art et lui confèrent, paradoxalement, une certaine majesté.