Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Cycle décoratif du temple de Broye
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1927
Description iconographique:

Louis Rivier réalise le décor du temple de Broye à Prilly (canton de Vaud en Suisse). Ses peintures murales occupent l’ensemble des murs et de la voûte de l’édifice : elles mettent en scène une version personnelle de l’Avènement du Christ à la fin des temps, dans une Jérusalem imaginaire en ajoutant la présence des ressuscités qui l’acclament. 

Le Christ est au centre de la composition. Son corps est en position frontale, son visage penche légèrement vers le bas comme s’il s’approchait spirituellement des fidèles. En même temps, il écarte les bras dans un geste d’accueil et de bénédiction. Il est vêtu d’une longue tunique rose et jaune clair. Il porte de longs cheveux châtains, une courte barbe et sa tête est entourée d’une auréole flamboyante, constituée de plusieurs rayons de lumière orange vif. 

Le Christ se tient en haut d’un escalier peint en trompe l’œil au-dessus de la chaire en bois, dans le chœur. Une enceinte en pierre claire, surmontée d’une décoration dorée très élaborée, est peinte en trompe l’œil à l’arrière de nombreux personnages et elle court le long des murs pour structurer l’ensemble des scènes. Au-dessus et au-delà de l’enceinte, Rivier peint un jardin paradisiaque composé d’une riche végétation. Quelques coupoles orientalisantes font aussi leur apparition, symbolisant la vision céleste de Jérusalem. Le paysage se détache d’un ciel bleu azur traversé par un très long nuage torsadé. Ce dernier court aussi le long des murs créant une sorte de frise surmontant et unifiant la composition. 

Environ 250 figures sont peintes dans la moitié inférieure de la composition. Elles constituent une foule dense et colorée. On remarque en particulier : les ressuscités, pour la plupart habillés en blanc, qui acclament le Christ avec des gestes des mains et des bras, et dont les expressions signifient allégresse et excitation. On voit encore le groupe des jeunes musiciens, habillés de tuniques aux couleurs pastel, les anges aux grandes ailes plumées qui indiquent le Christ aux enfants.

Les enfants sont très présents dans l’ensemble de la scène. Ils sont peints avec une attention particulière portée aux gestes et aux postures. Ils semblent tous capturés lors d’un instant précis de leur quotidien et n’apparaissent jamais comme figés : l’un s’accroche à l’aile d’un ange, deux autres se serrent dans les bras, l’un chante, l’autre regarde curieux son compagnon qui se fait rassurer par un ange. Parmi ces figures, certaines sont vêtues d’habits simples et colorés, plutôt communs. Il s’agit vraisemblablement des vivants qui retrouvent leurs chers ressuscités - d’où leurs expressions gaies et soulagées. 

Le balcon de la galerie avec l’orgue est, quant à lui, décoré de deux grands anges : à l’horizontale, planant, ils volent en unissant leurs mains. 

L’atmosphère est festive et chaleureuse. Les couleurs pastel des habits, des ailes, de l’architecture accentuent cette impression de sérénité et d’allégresse. Les couleurs principales sont : rose, jaune, bleu azur, vert amande, rouge, rouge bordeaux. Le blanc des tuniques et des nuages illumine la composition. La palette pastel reprend celle de la décoration de l’Aula du palais de Rumine (1911-1923).

La lumière est étale. Les rares ombres se concentrent sur les drapés : elles soulignent les volumes des tissus en leur conférant parfois un aspect sculptural. 

Ce décor figuratif à caractère narratif et se déployant sur une vaste surface est une singularité pour un temple protestant. Par son geste radical à l’église Saint-Jean de Cour à Lausanne (1914-1915), Rivier a réintroduit et imposé la figuration dans la peinture religieuse protestante. Ici, la composition saint-sulpicienne vise à susciter la piété et la dévotion.