Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Orée de forêt
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1907
Description iconographique:

Avec Orée de forêt, Louis Rivier peint un paysage sylvestre et automnal. Comme le titre l’indique, le spectateur se trouve à la lisière d’une forêt. La composition est traversée par un chemin de terre jaune, vert pâle, orange occupant toute la moitié gauche de la partie inférieure du tableau. Creusant une perspective, le chemin se rétrécit petit à petit jusqu’à disparaitre dans un point situé au centre de l’œuvre. A droite, pousse une riche végétation constituée d’arbres et de buissons aux tons marron, orange, vert foncé, rouge et ocre. Le feuillage des arbres se confond avec les arbustes touffus créant une masse dense mais diversifiée. Cette variété résulte des différentes techniques d’application de la couleur : petites touches, traits, dégradés ou, au contraire, à-coups. Cette opulence des textures est favorisée par l’emploi de l’huile, matière permettant une grande fusion de teintes et de nuances.

Deux troncs d’arbres émergent et, comme des colonnes, structurent l’espace en lui conférant de la profondeur. Louis Rivier rend avec un grand réalisme leurs écorces : l’une est rugueuse, comme traversée par des failles, l’autre est lisse, caractérisée par des taches blanches et rouges. Les troncs projettent au sol de grandes ombres diagonales. Une, en particulier, traverse le chemin en guidant le regard vers la moitié gauche du tableau. Celle-ci est caractérisée par une abondante végétation et par trois arbres dépourvus de feuillages qui, peints en perspective, accompagnent le regard du spectateur tout le long du sentier vers le point central de la composition. Dans le coin supérieur gauche, Rivier peint un ciel bleu-indigo.

Une lumière, chaude et envoûtante, provient de droite et éclaire le premier plan du tableau et le premier tiers du sentier. Le reste est ombragé et suggère une immersion plus profonde dans la forêt. Le spectateur est donc introduit dans ce paysage et invité à parcourir, du regard, le chemin de terre. La forêt dense et chaleureuse, loin d’être une selva oscura, s’ouvre sur le sentier dégagé, comme enveloppé par la végétation proliférante.

Ce paysage est une œuvre précoce de Louis Rivier, peinte quand il avait 22 ans. Cependant elle contient déjà de nombreux éléments récurrents de ses paysages plus tardifs comme par exemple la structuration géométrique mais pas forcément symétrique de l’espace, la présence du sentier, les ombres obliques des troncs, l’atmosphère sereine et silencieuse dans laquelle la nature baigne. Le contraste entre la matérialité des arbres et l’immatérialité des ombres, qui semblent à la fois évanescentes et résurgentes créent un espace méditatif et contemplatif. Cette lisière de forêt se retrouve dans d’autres paysages champêtres de Rivier, comme Sous-bois (Chemin du Stand) de 1913.