Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Les Disciples d'Emmaüs
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1911
Description iconographique:

Ce triptyque représente Jésus et deux disciples (dans le panneau central), deux anges (un dans chaque panneau latéral). Le bord supérieur du tableau est légèrement bombé et les panneaux sont entourés d’un cadre doré. Chaque peinture est à la fois délimitée par une corniche peinte en blanc avec des motifs géométriques brun-rouge. Celle-ci découpe chacune des compositions dans une forme arquée similaire aux remplages des fenêtres gothiques. Les intervalles entre le cadre doré et la corniche sont richement ornés d’arabesques florales.

Le panneau central montre le Christ assis à une table avec deux hommes. Selon le récit biblique, Jésus, lors de sa première apparition après la crucifixion, les rencontre sur la route d’Emmaüs. Louis Rivier peint le moment du repas, lorsque Jésus manifeste son identité. Assis centre, le Christ baisse les yeux en direction de ses mains jointes et semble prier. A gauche, l’homme porte une main à son front, la tête légèrement penchée en avant, il semble réfléchir : on lit sur son visage une note d’incrédulité. Le deuxième disciple, à droite, approche son corps de son compagnon et allonge le bras sur la table, comme s’il voulait le toucher et le rassurer. Peut-être, a-t-il reconnu le Christ et veut-il convaincre son ami de sa réelle présence?

Jésus est habillé d’une tunique couleur saumon et d’une cape blanche décorée de motifs dorés. Le disciple de gauche porte une longue cape vert foncé au drapé élaboré au-dessous de laquelle on voit une tunique orange et vert clair aux bords brodés. Son compagnon porte aussi une longue cape rose clair à la doublure verte et au drapé sculptural. Il est habillé d’une tunique bleue, bordée de rouge, avec d’amples manches ocre.

Aux pieds de la table recouverte d’une longue nappe vert amande, un chien brun et blanc dort, allongé sur un petit tapis. Les trois personnages se trouvent sous une loggia donnant sur un cloître agrémenté d’un jardin et de palmiers. Au-dessus des toits, le ciel est d’un bleu vif et on aperçoit les silhouettes bleutées de quelques reliefs au loin.

Quatre colonnes au fût noir et au chapiteau couleur terre cuite encadrent la scène. Les deux du centre renforcent la symétrie de la composition. Le sol aux tomettes orangées est séparé du jardin par un muret en pierres marron. Le plafond de la loggia, bleu violet, est rythmé par des poutres brunes.

Dans le panneau de gauche, un ange blond est agenouillé, il croise les bras sur la poitrine et penche la tête en avant dans un geste de prière. Il est tourné vers la scène centrale. De l’autre côté, un ange aux cheveux bruns, également agenouillé, a les mains jointes et prie lui-aussi, en direction de Jésus et des disciples. Ces deux figures célestes sont richement vêtues, elles portent de longues tuniques aux couleurs vives et lumineuses : vert pistache, rouge, vert foncé, orange. Elles se démarquent d’un arrière-plan abondamment décoré. On voit un paravent en bois peint avec des motifs géométriques verts. Le plafond est fait de voûtes en ogive bleues. Le sol est le même que celui du panneau central : des dalles orangées dont la simplicité contraste avec le reste de l’architecture.

Dans son ensemble, cette composition est lumineuse, caractérisée par des couleurs rayonnantes et par l’absence d’ombres. Louis Rivier choisit un style symboliste : les physionomies sont simplifiées, les volumes sont réduits au minimum, les gestes et les postures sont figés. En revanche, les aspects décoratifs occupent une place très importante. Ce triptyque rappelle par certains aspects l’art gothique international de Gentile da Fabriano (fin XIVe- début XVe siècle), car on y retrouve le même goût pour l’ornement, l’élégance des formes et des lignes, la splendeur des couleurs et une certaine abstraction de la réalité. La technique, une détrempe ici appliquée par aplats, renforce cet aspect idéaliste.

Cette composition a été peinte par Louis Rivier à l’invitation du peintre Eugène Burnand à l’occasion de l’Exposition d’art religieux organisée à Paris par la Société de Saint-Jean. Selon Dario Gamboni (Louis Rivier et la peinture religieuse en Suisse romande, 1985, p. 100) les traits des disciples seraient inspirés par l’œuvre Disciples courant au sépulcre de Burnand, une œuvre toutefois dominée par un réalisme dramatique aux antipodes du style de ce triptyque.