Allégorie du Saint Esprit
Droits:
Réservés
Crédits:
Marino Trotta
Année de la prise de vue:
2022
Type d'œuvre:
peinture
Auteur:
Louis Rivier
Transcription de signature:
LOUIS RIVIER
Emplacement: —
Remarques sur la signature:

La signature est accompagnée de la date de création : 1924.

Description iconographique:

Il s’agit d’une composition allégorique représentant une jeune femme nue accompagnant d’un geste de la main l’envol d’une colombe. Dans l’iconographie chrétienne, cet animal est symbole du Saint Esprit.

La jeune femme est debout ; ses pieds nus reposent sur une butte. Elle pose sa main gauche sur son côté et lève l’autre bras au ciel ; une colombe s’envole au-dessus de sa tête. Sa chevelure blonde est abondante et dessine une couronne autour de son visage. Sa silhouette apparaît sur un paysage lacustre, occupant environ un quart de la composition. Au loin, des reliefs bleutés sont surmontés d’un ciel bleu clair traversé par des cumulus blancs, d’une consistance à la fois épaisse et vaporeuse.

Trois colombes se trouvent aux pieds de la jeune femme ; ils ouvrent leur bec en sa direction. Quatre autres colombes s’envolent dans le ciel l’une sur l’autre, traçant une légère courbe, parallèle au corps potelé de la figure féminine.

Les lignes courbes dominent dans cette composition au format rectangulaire vertical. Les rondeurs de la jeune femme entrent en résonance avec les profils des nuages, les poitrails des oiseaux et la butte du terrain marron.

La lumière est vive et étale. La gamme chromatique est concentrée sur les bleus - turquoise, bleu ciel, bleu de Prusse, bleu foncé - auxquels s'ajoutent les marron, blanc et rose pour la carnation. Les couleurs sont modelées et nuancées pour créer des effets de profondeur et de volume. Les ombres soulignent les contours du corps de la jeune fille. D’autres ombres portées projettent sa silhouette au sol.

De nombreuses affinités formelles relient ce tableau à une autre composition de Louis Rivier : une œuvre contemporaine, réalisée aussi en 1924, représentant une Vénus endormie dans un paysage (peinture au recto de La plaine de l’Orbe). Les deux figures féminines sont nues et partagent la même corpulence et la même beauté idéalisée. La thématique religieuse de l’une redouble, en miroir, l’allégorie de l’autre : ici le résultat est onirique et surréel. La présence du lac et des collines, à l’apparence plutôt réaliste, accroît cette sensation de dépaysement et joue un rôle important dans le « détournement » mis en scène par le peintre.

Type de composition:
composition allégorique
Dimensions (en cm)
Hauteur:
58 cm
Largeur:
34 cm
Profondeur: —
Dimensions montage (en cm)
Hauteur: —
Largeur: —
Profondeur: —
État de l'œuvre:

Bon état.

Inscription(s) notable(s): —
Technique:
détrempe
Support de l'œuvre:
panneau de bois
Commentaires techniques:

Louis Rivier adopte la détrempe dès 1906 jusqu’à la fin des années 1930. La détrempe est une technique traditionnelle de la Renaissance italienne (tempera all’uovo). « La tempera à l’œuf italienne était l’héritière directe de la tradition byzantine […]. Le nombre de tableaux peints à tempera est considérable […]. Elle est pourtant tombée en désuétude au cours des XVIe - XVIIe siècles. ». (François Perego. 2005. Dictionnaire des matériaux du peintre, Paris : Ed. Belin, p. 706).

La recette de Rivier, mise au point par Théophile Robert, comporte du jaune d’œuf, de la résine d’Avar ou copal, de l’huile de noix pure, du vinaigre blanc et de l’eau. (Dario Gamboni, Louis Rivier (1885-1963) et la peinture religieuse en Suisse Romande, p. 97).

Au cours de sa carrière, Louis Rivier rencontre plusieurs difficultés quant à l’emploi de la détrempe. Ces obstacles l’amènent à abandonner momentanément cette technique au profit de l’huile. Mais, « […] après quelques années de tentatives obstinées, il finit par maîtriser la détrempe à tel point qu’il put l’utiliser pour ses paysages aussi bien que pour ses portraits, et pour d’autres compositions. » (Francesco Sapori, Louis Rivier, p. 38).

En 1938-39, Rivier invente, à partir de dessins aux crayons de couleurs, le « procédé spécial », technique qu’il emploiera pour presque toutes ses œuvres même en grand format et réalisées pour des décorations murales. Une exception notoire est la décoration de l’Église orthodoxe grecque de Lausanne qui a été réalisée entièrement à la détrempe, et cela sur une durée de plus de 15 années, jusqu’en 1940.

Lieux de création:
Jouxtens-Mézery
Lieu de conservation:
Collection privée, Mathod
Provenance:
Hoirie de Louis et Julie Rivier, hoirie de Marion Rivier.
Date de création:
1924
Commentaires sur le lieu et la datation:

En 1924, Louis Rivier peint dans son atelier toute une série de petits paysages, dont les motifs sont choisis dans les environs du château de Mathod où il séjourne durant l’été. Il conçoit le vitrail pour le temple de Mézières. Il organise une exposition personnelle à la Grenette à Lausanne. Plus de cent œuvres y figurent. Il met en place le projet de vitraux pour la Cathédrale de Lausanne. Il entreprend la décoration du temple de Corcelles (Neuchâtel). L’inauguration des peintures de l’Aula du Palais de Rumine a lieu le 21 avril.

Il expose le Portrait de famille au Salon de Paris de 1924. Avec quelques portraits et compositions, dont le Jugement de Pâris, il constitue un ensemble qu’il expose à la galerie Lador à Genève.