La Maternité Nestlé vue par David
Droits:
Réservés
Crédits:
Olivier Laffely et Kevin Seisdedos, Atelier de numérisation de la Ville de Lausanne
Année de la prise de vue:
2012-2013
Type d'œuvre:
peinture
Auteur:
Louis Rivier
Transcription de signature:
LR
Emplacement: —
Remarques sur la signature:

La signature est un monogramme inscrit dans un carré.

Description iconographique:

Il s’agit d’une allégorie profane sur le sujet de la maternité promouvant le lait en poudre Nestlé. Louis Rivier s’inspire d’une œuvre célèbre du peintre néo-classique français Jacques-Louis David : Portrait de madame Récamier (1800, le Louvre). Allongée sur une méridienne, une jeune femme lève son bras gauche tenant dans la main un biberon rempli de lait. Cet objet se trouve projeté dans la partie supérieure de la composition, en position centrale. Un enfant assis sur son genou droit, le buste en torsion, tend les bras en direction du biberon en essayant de s’en emparer. La scène se déroule dans un intérieur sobre, à la décoration minimale : une petite table basse sur laquelle sont posées une théière et une boîte portant l’étiquette Nestlé et plus loin, un repose-pied. La jeune mère porte une robe à l’antique et est coiffée à la romaine. Comme elle son enfant est vêtu de blanc. Les couleurs du mobilier et de l’intérieur de la pièce vont du bleu canard pour le sol au brun doré pour les murs représentés de manière abstraite. Au-dessous de la composition l’inscription LA MATERNITE NESTLE VUE PAR DAVID, en caractères majuscules, fournit une clé de lecture pour interpréter l’image.

Le lait Nestlé, dans l’œuvre de Rivier, jouit d’une double célébration : le biberon de lait coïncide avec le sommet d’une pyramide constituée par les corps et les bras de la mère et de l’enfant. Il est ainsi l’objet du désir du petit et du plaisir de la jeune femme qui s’amuse avec lui. Le lait Nestlé est célébré par la peinture de Rivier mais aussi par la référence à Jacques-Louis David et à sa peinture classique, inspirant élégance, principes moraux, valeur et tradition.

Rivier module dans sa composition un des éléments typiques du néo-classicisme : la symétrie. Celle-ci se retrouve dans les éléments suivants : l’arc ourlé en bois de part et d’autre de la liseuse ainsi que les deux polochons verts, mais aussi les éléments de mobilier à gauche et à droite de la méridienne ; les onze lettres de «La Maternité Vue par David» encadrant le nom propre Nestlé ; enfin l’angle aigu du coude droit de la jeune femme répondant à l’angle obtus de son coude gauche.

Louis Rivier est engagé en 1934 par le groupe Nestlé & Anglo-Swiss Condensed Milk Co. pour concevoir des publicités pour le lait en poudre. Le peintre s’inspire de tableaux de maîtres (Vélasquez, Vermeer, Van Dick, Van Eyck, Raphael, David) pour réaliser les six planches «à la manière de». Dans l’esprit de Louis Rivier, la référence aux grands maîtres a pour but de faire connaître à un large public des œuvres prestigieuses. Il entreprend en quelque sorte une démarche de vulgarisation. Mais on peut aussi y voir un léger jeu de la part du peintre. Rivier s’amuse aussi du détournement d’œuvres d‘art prestigieuses pour des visées publicitaires. Une première publication dans L’Illustration du pastiche de la Madone à l'enfant de Raphaël, au moment de Noël, reçut un accueil défavorable de certains qui critiquèrent cet usage commercial. Louis Rivier démissionna de ses fonctions chez Nestlé.

Type de composition:
composition allégorique
Dimensions (en cm)
Hauteur:
22 cm
Largeur:
29 cm
Profondeur: —
Dimensions montage (en cm)
Hauteur: —
Largeur: —
Profondeur: —
État de l'œuvre:

Bon état avec quelques altérations de la gouache en haut à droite.

Inscription(s) notable(s):

LA MATERNITÉ NESTLÉ VUE PAR DAVID

Technique:
gouache
Support de l'œuvre:
carton
Commentaires techniques: —
Lieux de création:
Vevey
Lieu de conservation:
Collection privée, Genève
Provenance: —
Date de création:
1935
Commentaires sur le lieu et la datation:

Entre 1933 et 1934, Louis Rivier écrit des articles pour La Gazette de Lausanne. Il y remet en cause le pouvoir de la Commission fédérale des beaux-arts qui exerce une pression sur les artistes et favorise la création d’un art officiel. La section vaudoise de la Société des peintres, sculpteurs et architectes conteste cette prise de position et l’activité de critique de Rivier. Celui-ci démissionne en 1934 de cette association. La même année, il peint un Autoportrait qui, exposé au Salon de Paris de 1934, lui vaut son admission à la Société nationale des Beaux-Arts.

En 1935 son père, William Rivier, meurt. Il peint l’Autoportrait au compas. Il poursuit la collaboration avec Nestlé SA. La publication des premiers dessins dans l’Illustration est interrompue suite à des protestations qui accueillent la première planche. Rivier quitte ses fonctions chez Nestlé.

Éléments liés:
Bibliographie
  • Sous la direction de Véronique MAURON, Marie-Odile VAUDOU et Marie ANDRÉ. 2013. Louis Rivier : l’intimité transfigurée, Berne, Lausanne : Till Schaap Edition, Association des Amis de Louis Rivier, p.27
  • Danièle SCHNEIDER. 1999. La pub détourne l'art, Genève: Ed. du Tricorne, p.60-70