Il s’agit d’une composition symbolique représentant une ronde d’enfants se tenant par la main, dansant et jouant de la musique au milieu d’un paysage verdoyant.
Louis Rivier reprend dans ce tableau un thème maintes fois exploré. En effet, il consacre à ce sujet iconographique plusieurs esquisses ainsi que la composition du grand panneau central de la salle à manger du château de Pradegg à Sierre (1909-1910).
Par l’intermédiaire des enfants, de la musique et des chants, Louis Rivier, en phase avec l’esprit de l’Art Nouveau, célèbre la nature et son harmonie. Au centre de la composition, dix-sept enfants sont disposés en un large cercle. Certains se tiennent par la main, une jeune fille joue de la lyre, d’autres chantent et trois composent un petit groupe dansant. Chaque enfant adopte une expression et une attitude différentes : leurs corps dessinent des lignes souples, animées par les tuniques à l’effet voltigeant. Celles-ci rappellent les habits légers et transparents portés par les trois Grâces figurant dans Le Printemps de Sandro Botticelli (1478-1482 env.). En particulier, le trio dansant de Rivier est une citation directe des trois divinités du peintre florentin. Rivier reprend en particulier la position des bras et la rotation des visages.
Il est difficile de discerner le sexe de tous ces personnages qui s’apparentent aussi à des figures angéliques. Tous portent de longues robes évasées, de coupes différentes, à manches courtes ou longues, et aux tons pastel : rose poudre, pêche, bleu clair ou beige. Certaines robes possèdent une cape. Ces vêtements s’inspirent de la mode médiéval.
Les enfants chantent et dansent au milieu d’un paysage de montagnes, dans un pré à l’herbe courte parsemé de rochers et de petits conifères. Les troncs sont courts et fins, les branches légèrement tombantes et recouvertes d’aiguilles vert foncé et de pommes de pin. Il s’agit du même type d’arbuste représenté dans Paysage de montagne avec glacier (1912) réalisé à la même époque.
A l’arrière-plan, de part et d’autre de la ronde, le pré dessine deux légères pentes, comme si les enfants se tenaient dans une vallée. Tout au loin, en position parfaitement centrale, s’élève une montagne partiellement enneigée. Le format bombé du côté supérieur du tableau accompagne la forme de la montagne qui se démarque sur un ciel bleu vif, parcouru horizontalement par un long et fin nuage.
La composition est dominée par les verts, le bleu et des tons rosés. Louis Rivier applique la couleur par touches répétées et serrées créant différentes nuances. Ce procédé confère à la composition un certain dynamisme enrichi par une lumière fractionnée et vibrante.
Les tuniques colorées des enfants ressortent du paysage aux couleurs sylvestres. Le contraste entre le réalisme du paysage et l’idéalisation des dix-sept figures, réunies dans ce pré comme par enchantement, crée une ambiance onirique. On se situe dans un espace symbolique, terrestre et céleste où les enfants expriment la pureté, l’harmonie, la beauté de la nature et celle de la nature humaine.
Le tableau est dans son ensemble très lumineux. Des ombres portées n’obscurcissent pas la scène, mais soulignent les volumes des corps des enfants, des roches et des aspérités du terrain.
La disposition des éléments naturels, organisés par Louis Rivier d’une manière théâtrale, semble inviter le spectateur à parcourir ce paysage immense et à rejoindre la ronde d’enfants : le regard de la jeune musicienne de lyre, tourné en direction du spectateur, se lit ainsi comme une invitation.
Bon état.
En 1913, Louis Rivier réalise les vitraux du temple de Cheseaux et les verrières pour l'église Saint-Jean de Cour. Il voyage en Italie (du 15 mars au 11 avril), notamment à Assise et à Florence. Dans son agenda de 1913, il note ses visites : 15 mars 1913, départ pour Florence. 17 mars, Sta Maria Novella, musée, St Marc. 18 mars Bargello, Pitti. 19 mars Ricardi, Académie, Offices. 20 mars, cloître de Sta Croce. 21 mars (vendredi Saint) Tombeau des Médicis. 22 mars Pitti. 23 mars Annunziata. 24 mars Musée du Dôme, Académie. 26 mars, Office, Ricardi.