Présence du monogramme de l’artiste dans un cadre décoré de quatre cercles. Le monogramme est accompagné de la date de création : 1915, ainsi que du sujet iconographique.

Ce dessin représente Isaac, l’un des patriarches figurant dans la décoration de l’Aula du Palais de Rumine, à Lausanne, projet qui occupe le peintre pendant plusieurs années, de 1915, début officiel des travaux, à 1923.

Dans ce dessin, Isaac est tourné de trois-quarts. Il est debout et comme surpris lors d’un instant de pause. Il serre un bâton dans sa main gauche et s’y appuie légèrement. Son autre bras est caché par un ample châle. Isaac est habillé d’une longue tunique au drapé abondant. Sa tête est coiffée d’un turban dont l’étoffe, que l’on devine épaisse, descend sur le côté gauche de son visage en touchant l’épaule. Ses traits physionomiques sont ceux d’un homme adulte dans la force de l’âge. On remarque des rides creusant son front. Il porte une longue barbe aux poils bouclés. Ses sourcils sont touffus ; son regard décidé et un brin sévère est à peine orienté vers le haut. Son nez est droit ; ses lèvres serrées lui confèrent une expression sérieuse.

Sa figure génère une petite ombre au sol, entre ses pieds. Le visage, la main et les pieds sont dessinés avec une grande minutie. Le drapé est, quant à lui, plus figé et a une apparence sculpturale. Les ombres façonnant les plis des habits et du turban sont définies avec précision. Les volumes, ainsi modelés, confèrent au personnage une forte présence et une impression de solidité. Solidité et non pas statisme, car la posture est légèrement déséquilibrée à cause du poids du corps déplacé sur le côté gauche, là où Isaac s’appuie sur le bâton.

La spécificité du moyen technique employé ici, la mine de plomb, permet un haut niveau de précision. Cette étude révèle l’intérêt soutenu de Rivier pour les personnages représentés et elle jouit d’une véritable autonomie esthétique.

Étude de patriarche Palais de Rumine 1915 Isaac.

Selon Richard Heyd, biographe de Louis Rivier, le conseiller d’Etat de l’époque, Camille Decoppet, après avoir découvert la décoration de Louis Rivier dans le temple de Mex, demanda au peintre, par le biais d’Aloys de Molin, de décorer l’Aula du Palais de Rumine. En 1911, Louis Rivier fit des propositions de décorations. Jean-Jacques Mercier s’engagea à verser à Louis Rivier une somme de 10 000 francs par an pendant six ans pour l’exécution des peintures. L’Etat de Vaud et la Ville de Lausanne s’occupèrent des frais de la mise en état du lieu. Louis Rivier n’eut plus de nouvelles jusqu’en 1913, quand un rapport et une maquette du projet furent demandés au peintre.

En janvier 1914, la maquette est présentée devant la commission et en août 1915 les travaux commencent. Le 23 octobre 1916, le panneau « Les Arts » est achevé ; en avril 1918, le panneau des « Sciences » est terminé. En janvier 1923, l’ensemble de la décoration est achevé et le 21 avril les peintures de Louis Rivier sont inaugurées officiellement. (Patrick Schaefer, L’Aula du Palais de Rumine. Le décor de Louis Rivier).

L’année 1915 est celle de la naissance du troisième enfant du couple, Marion. Le 26 septembre 1915, un autre grand chantier dirigé par Louis Rivier, celui de l'église Saint-Jean de Cour à Lausanne, se termine.