Ce dessin est une étude pour une des deux figures du groupe de la « Pensée créatrice », peinture appartenant à la décoration de l’Aula du Palais de Rumine, à Lausanne. En particulier, ce duo se trouve au premier plan et au centre de la composition allégorique célébrant « La Science », située sur la grande paroi nord. Dans la version peinte, un homme et une femme nus sont allongés sur le sommet d’un escalier représenté en trompe l’œil. L’homme a le dos tourné, tandis que la femme a le buste de face. Leurs mains droites se croisent au centre.

Dans cette étude, Louis Rivier focalise son attention sur la figure féminine et sur l’union des mains des deux personnages. La jeune femme est nue, mi allongée sur sa jambe droite. Celle de gauche est pliée et son coude droit repose au sol. Sa main droite touche celle du personnage masculin, absent dans cette esquisse. Le bras gauche est légèrement écarté avec la main ouverte.

La jeune femme est coiffée d’un chignon. Son visage, dont les traits physionomiques sont tracés avec rapidité, exprime une certaine mélancolie. La silhouette est exécutée d’un trait libre, souple et vibrant, moins académique qu’expressif. Les lignes se superposent et on devine la recherche de la forme souhaitée conduite par la main de l’artiste. On remarque en particulier une hésitation pour la pose de la jambe pliée, dont on distingue au moins deux versions se superposer.

Louis Rivier définit les ombres modelant le corps et les signale avec un entrecroisement délicat de hachures. Les mains sont à peine décrites et les pieds sont absents. L’attention du dessinateur se porte ainsi sur la position du corps et sur le geste des mains.

Pour l'Aula 844

Selon Richard Heyd, biographe de Louis Rivier, le conseiller d’Etat de l’époque, Camille Decoppet, après avoir découvert la décoration de Louis Rivier dans le temple de Mex, demanda au peintre, par le biais d’Aloys de Molin, de décorer l’Aula du Palais de Rumine. En 1911, Louis Rivier fit des propositions de décorations. Jean-Jacques Mercier s’engagea à verser à Louis Rivier une somme de 10 000 francs par an pendant six ans pour l’exécution des peintures. L’Etat de Vaud et la Ville de Lausanne s’occupèrent des frais de la mise en état du lieu. Louis Rivier n’eut plus de nouvelles jusqu’en 1913, quand un rapport et une maquette du projet furent demandés au peintre.

En janvier 1914, la maquette est présentée devant la commission et en août 1915 les travaux commencent. Le 23 octobre 1916, le panneau « Les Arts » est achevé ; en avril 1918, le panneau des « Sciences » est terminé. En janvier 1923, l’ensemble de la décoration est achevé et le 21 avril les peintures de Louis Rivier sont inaugurées officiellement. (Patrick Schaefer, L’Aula du Palais de Rumine. Le décor de Louis Rivier).