Ce dessin est une étude d’ange musicien pour la composition allégorique célébrant « Les Arts » située sur la grande paroi sud du cycle décoratif de l’Aula du Palais de Rumine, à Lausanne. Ce projet occupe Louis Rivier pendant plusieurs années, de 1915, début officiel des travaux, à 1923. Dans la version peinte, les anges musiciens volent dans les airs et forment un cercle autour d’une cathédrale.

Dans cette étude, le visage du jeune musicien, en profil perdu, occupe largement la feuille. La tête orientée vers la gauche penche vers l’avant pour caler le violon entre le menton et l’épaule. Les doigts de la main droite tiennent l’archet dont on voit seulement la partie inférieure. Le jeune musicien porte des cheveux courts et bouclés. Son profil est d’une grande délicatesse. Le nez est droit, les yeux et les lèvres fermés. L’ange est comme absorbé par sa musique.

Ce dessin est élaboré d’un trait linéaire, souple et rapide. Les lignes se superposent par endroits laissant deviner la recherche de la forme souhaitée. Louis Rivier porte une attention particulière au rendu de l’expression du visage et au réalisme de la posture du jeune musicien. On pense notamment au geste de la main tenant l’archet et à celui du menton retenant l’instrument.

Le thème des anges musiciens, ou des jeunes musiciens, profanes ou sacrés, est récurrent dans l’œuvre de Rivier. Ce sujet réunit deux grands intérêts du peintre : le monde de l’enfance et celui de la musique. Par ce biais, Louis Rivier rend hommage à l’harmonie divine. Harmonie que les mélodies jouées par ces jeunes gens, candides et célestes, célèbrent.

Cette étude se trouve au recto d’une feuille comportant, au verso, des schémas de projection et des guirlandes pour la composition des « Arts » de l'Aula du Palais de Rumine à Lausanne.

Selon Richard Heyd, biographe de Louis Rivier, le conseiller d’Etat de l’époque, Camille Decoppet, après avoir découvert la décoration de Louis Rivier dans le temple de Mex, demanda au peintre, par le biais d’Aloys de Molin, de décorer l’Aula du Palais de Rumine. En 1911, Louis Rivier fit des propositions de décorations. Jean-Jacques Mercier s’engagea à verser à Louis Rivier une somme de 10 000 francs par an pendant six ans pour l’exécution des peintures. L’Etat de Vaud et la Ville de Lausanne s’occupèrent des frais de la mise en état du lieu. Louis Rivier n’eut plus de nouvelles jusqu’en 1913, quand un rapport et une maquette du projet furent demandés au peintre.

En janvier 1914, la maquette est présentée devant la commission et en août 1915 les travaux commencent. Le 23 octobre 1916, le panneau « Les Arts » est achevé ; en avril 1918, le panneau des « Sciences » est terminé. En janvier 1923, l’ensemble de la décoration est achevé et le 21 avril les peintures de Louis Rivier sont inaugurées officiellement. (Patrick Schaefer, L’Aula du Palais de Rumine. Le décor de Louis Rivier).