Louis Rivier répond à une lettre de son père, William Rivier. Il s’excuse de ne pas avoir donné de ses nouvelles plus tôt. Il fait référence à la santé de « Jean » (un de ses frères) et à un imminent séjour à Paris (chez les Fritz, famille de son beau-frère). Il lui raconte brièvement ses visites au Musée d’art de Bruxelles en le comparant au Louvre. Il l’informe de l’évolution de son œuvre Le Triomphe de la Mort (entamée en 1906 et terminée en 1924) et fait référence à l’enterrement du roi Léopold, survenu le 22 décembre 1909.
Transcription de la lettre:
Cher papa,
Merci beaucoup pour ta lettre. Je regrette en effet de ne pas t’avoir écrit davantage, car c’est pure paresse de ma part ; il est vrai que je savais que vous aviez de mes nouvelles par les sœurs, sans (sic) je ne t’aurais pas laisser (sic) sans nouvelles.
Je suis vraiment peiné des nouvelles que tu me donnes de Jean, j’espère qu’il se laisse au moins soigner raisonnablement. Ce sont des maux qui peuvent trainer très longtemps quand on agit pas énergiquement au début.
Félicite Etienne de son succès, qui est mérité, et dis-lui que c’est en ne craignant pas de refuser plusieurs fois les memes (sic) choses, qu’on apprend le plus.
Je suis ici encore jusqu’à jeudi ou vendredi et je pense rester à Paris, si je ne dérange pas les Fritz, jusqu’au mardi ou mercredi de la semaine prochaine. Ça veux dire (sic) que je pense rentrer au plus tard mercredi matin ; je me réjouis de te montrer le résultat de mon travail ici, tu verras que mon T. de la Mort a fait du chemin.
J’ai été souvent au Musée à Bruxelles et j’en ai je crois bien profité ; cependant, il n’y a pas de comparaison entre ce musée et celui du Louvre. Plus j’en vois plus je trouve le Louvre tout à fait exceptionnel par sa richesse dans toutes les écoles. Ici au musée, il n’y a qu’une dizaine d’œuvres italiennes et dans les plus médiocres. Les primitifs flammands (sic) sont aussi petitement représentés quant à la quantité, mais alors c’est du tout bon. Il y a là quelques petites toiles de Memmling (sic) et de Gérard David qui sont de purs chefs-d’œuvre (sic) et très riches en enseignements. Nous avons diné aujourd’hui chez Monsieur Ethienne Thomas ce qui est un événement considérable tout autant par la perfection et le nombre des plats que par la durée du repas. Heureusement que la subite arrivée entre le potage et l’entrée d’Aloys Gautier a fait une heureuse diversion et nous a empêché (sic) de nous endormir complètement entre l’entrée et la viande qui suivait … à quelques minutes près !
J’ai hésité un moment à aller voir l’enterrement du roi, mais vraiment faire le pied de grue pendant plusieurs heures pour ne voir que très peu de chose ou rien du tout, j’avoue que je ne suis pas assez royaliste pour cela.
Je te quitte, mon cher papa, comptant que tu te soignes bien, Jean et Hélène t’envoie mille choses ainsi qu’à toute la famille, je t’embrasse bien tendrement, ton fils affectionné, Louis.
Bon état.
La lettre se compose de deux feuillets percés dans la partie supérieure.
La date 1910, inscrite sur la première page de cette lettre, n’est pas confirmée. Elle a été écrite au stylo bleu alors que le texte de la lettre est à l’encre noir. On sait qu’à la fin de l’automne 1909, Louis Rivier séjourne en Belgique et à Paris. L’enterrement du roi Léopold, auquel Rivier fait référence, a lieu le 22 décembre 1909. On pourrait donc situer cette lettre entre cette date et le début de l’année 1910.