Numéro d’inventaire: 1992-082
Ce dessin est une étude pour la composition allégorique célébrant « La Science », située sur la grande paroi nord de l’Aula du Palais de Rumine, à Lausanne. Ce projet décoratif occupe Louis Rivier pendant plusieurs années, de 1915, début officiel des travaux, à 1923.
La version définitive peinte est très différente par rapport à cette esquisse. La grande arcade décorée d’une frise servant d’encadrement à la composition sera maintenue. Les colonnes et les voûtes disparaîtront. Le « Penseur » situé au centre sera remplacé par le duo de nus formé par un homme et une femme se tenant par la main.
Dans cette esquisse, on aperçoit la présence de plusieurs groupes de personnages ; cependant leurs identités, poses et gestes ne sont pas encore définis. La scène se déroule dans une grande loggia. On entrevoit également un paysage urbain à l’arrière-plan et la présence d’une balustrade, détail qui restera dans la version finale peinte.
Les nombreuses silhouettes, tracées d’un trait rapide, souple et vibrant, s’affichent comme un ensemble uni par une seule ligne souple et continue. Louis Rivier s’intéresse ainsi davantage à la disposition des personnages dans l’espace et, en particulier, à la définition de ce dernier, tracé de manière rapide mais en même temps précise : le dessinateur accorde une importance particulière au rendu de la perspective et à la justesse des proportions.
La partie gauche est ornée d’une décoration que l’on arrive à peine à apercevoir. Cependant, grâce à une comparaison avec la version définitive, on devine les corps nus et entassés de plusieurs figures : il s’agit des Titans luttant pour se libérer de l’espace qui les contient.
Cette étude vibre d’une immédiateté et d’une force expressive particulières. On y lit la recherche des formes, des rapports et des proportions.
Feuille jaunie, mouchetée par endroits et présence de petites taches jaunes. La feuille est percée. Un des deux trous est déchiré.
Selon Richard Heyd, biographe de Louis Rivier, le conseiller d’Etat de l’époque, Camille Decoppet, après avoir découvert la décoration de Louis Rivier dans le temple de Mex, demanda au peintre, par le biais d’Aloys de Molin, de décorer l’Aula du Palais de Rumine. En 1911, Louis Rivier fit des propositions de décorations. Jean-Jacques Mercier s’engagea à verser à Louis Rivier une somme de 10 000 francs par an pendant six ans pour l’exécution des peintures. L’Etat de Vaud et la Ville de Lausanne s’occupèrent des frais de la mise en état du lieu. Louis Rivier n’eut plus de nouvelles jusqu’en 1913, quand un rapport et une maquette du projet furent demandés au peintre.
En janvier 1914, la maquette est présentée devant la commission et en août 1915 les travaux commencent. Le 23 octobre 1916, le panneau « Les Arts » est achevé ; en avril 1918, le panneau des « Sciences » est terminé. En janvier 1923, l’ensemble de la décoration est achevé et le 21 avril les peintures de Louis Rivier sont inaugurées officiellement. (Patrick Schaefer, L’Aula du Palais de Rumine. Le décor de Louis Rivier).
- Dario GAMBONI. 1985. Louis Rivier (1885-1963) et la peinture religieuse en Suisse Romande, Lausanne: Payot , p.104
- Patrick SCHAEFER. 1987. L’Aula du Palais de Rumine. Le décor de Louis Rivier, Lausanne : Université de Lausanne