Carton pour un vitrail de la cathédrale de Lausanne
Droits:
Réservés
Crédits:
Archives Cantonales Vaudoises, Lausanne
Année de la prise de vue:
2022
Commentaires:

ACV SB 52 Dd 2/1

Type d'œuvre:
maquette
Auteur:
Louis Rivier
Transcription de signature: —
Emplacement: —
Remarques sur la signature:

Les maquettes et les cartons réalisés par Rivier sont généralement signés et datés de cette manière : « Fait à Jouxtens. Janvier 1919 [ou autre date] / Louis RIVIER ».

Description iconographique:

Voici les thèmes principaux des vitraux de la cathédrale de Lausanne réalisés par Louis Rivier. 

Les neuf fenêtres hautes du chœur illustrent le thème de la divinité du Christ. Le programme iconographique complet comprend : La Lutte de Jacob avec l’ange, Moïse et les tables de la Loi, David et Goliath, La Prophétie d’Esaïe, Jésus-Christ Roi (situé au centre), La Transfiguration du Christ, La Tentation du Christ, Le Baptême du Christ et Gloria in excelsis.

Les deux fenêtres de la face orientale (des croisillons nord et sud) illustrent respectivement : La Vocation d’Abraham et Adam et Eve chassés du Paradis.

Les six fenêtres de la face septentrionale (du croisillon nord), conçues avec François de Ripaupierre, se disposent sur deux rangs. Sur la galerie supérieure sont représentés : Le Divin Semeur, La Sainte Cène et Le Divin Vigneron. Sur la galerie inférieure, La Vie agricole : Joseph distribuant le blé, La Vie pastorale : Jacob gardant ses troupeaux et La Vie viticole : les messagers de Moïse rapportant la grappe de Canaan.

Voici la description d’un des cartons ayant servi à la réalisation du vitrail Jésus-Christ Roi. 

En position parfaitement frontale, la figure du Christ occupe la quasi totalité de l’espace. Son regard est droit, ses lèvres esquissent un imperceptible sourire. Jésus porte une courte barbe et ses cheveux châtains lui effleurent les épaules. De sa main gauche, il tient un sceptre (symbole de pouvoir politique plutôt que religieux) tandis qu’avec la droite, il fait un signe de bénédiction. Sa tête est entourée d’une auréole richement décorée. Un ange plane au-dessus de sa figure et s’apprête à la couronner. Il est aussi en position frontale, mais dessiné en vol avec les bras en direction du visage du Christ, le dos dans la partie supérieure de la composition et les jambes hors champ. De son visage, on aperçoit ses ailes, sa nuque, ses sourcils et son nez. 

Le Christ est vêtu fastueusement. Sa tunique est très colorée, brodée de motifs géométriques qui se confondent avec les ornements des bordures : des frises composées de lignes serpentines perlées enrichies de détails purement décoratifs. Un ample châle bleu complète la parure. Seule la pointe du pied gauche apparait sous la longue tunique. Un drapé, à l’apparence sculpturale, distribue les plis et les ombres des habits. Rivier dévoile le revers décoré du châle et cela procure un effet de réalisme tout en accentuant la luxuriance des motifs décoratifs. 

Le Christ Roi repose sur un bloc, ou un piédestal, portant l’inscription « JESUS ROI » et dont la décoration reprend les motifs des frises. Il se produit ainsi une fusion entre les éléments figuratifs et les éléments décoratifs. Le résultat est foisonnant tout en étant très lisible. 

Les lignes du dessin sont dans l’ensemble souples tout en étant précises. La gamme chromatique est dominée par le bleu marine, le bleu azur, l’orangé, le jaune et le vert amande. Combinées et juxtaposées entre elles, les pièces de couleurs aux couleurs complémentaires, génèrent une lumière douce, à la fois chaude et froide. 

« La figure du Christ en majesté […] provient de l’iconographie impériale romaine […] les cérémonies de couronnement et d’investiture servent de modèle à la représentation du Christ en gloire. L’échelle monumentale, le goût du luxe, les beaux matériaux et l’éclectisme esthétique caractérisent cet art triomphal que Rivier ressuscite avec virtuosité ». (Sophie Donche Gay, Les vitraux du XXe siècle de la cathédrale de Lausanne, pp. 72-73). D’inspiration Art Nouveau, ce carton met en évidence l’harmonieuse intégration de la figure dans le décoratif. 

Ce carton est une première version de ce vitrail, suivi d’un deuxième carton (Jésus-Christ Roi, 1930) s’approchant davantage du vitrail réalisé. Le visage souriant du Christ Roi sera remplacé par une expression impassible, ses pieds chausseront des sandales, la position de l’ange deviendra plus statique. Dans l’ensemble, le projet final accentuera le hiératisme. 

Type de composition:
composition religieuse
Dimensions (en cm)
Hauteur:
350 cm
Largeur:
96 cm
Profondeur: —
Dimensions montage (en cm)
Hauteur:
420 cm
Largeur:
100 cm
Profondeur: —
État de l'œuvre:

Bon état.

Commentaires sur la disposition de l'œuvre:

Les dimensions indiquées ci-dessus font référence aux mesures du carton décrit : Le Christ Roi. Le vitrail correspondant à cette maquette mesure, quant à lui, 359 x 98 cm, il fait partie des neuf fenêtres hautes du chœur et occupe la place centrale.

Inscription(s) notable(s): —
Technique:
dessin
Support de l'œuvre:
papier java fort
Commentaires techniques:

Lieux de création:
Lausanne, Jouxtens-Mézery
Lieu de conservation:
Archives Cantonales Vaudoises, Lausanne
Provenance: —
Date de création:
1928
Commentaires sur le lieu et la datation:

En 1928, année de réalisation du carton Le Christ Roi, naît Anne, fille cadette de l’artiste. Rivier décore la chapelle des Terreaux à Lausanne. Par la suite, il retourne à l’église orthodoxe grecque pour y peindre le tambour de la coupole avec La Trinité dans une trouée de nuages, La Guérison de l’aveugle (1928) et le chœur avec L’Annonciation (1929) ainsi que « deux sujets traités aux retombées de la voûte : une Adoration des mages et L’Annonce aux bergers. » (Richard Heyd, Rivier, p. 95). En fin d’année, il voyage à Venise accompagné de son épouse Julie. Il participe au Salon de la Nationale à Paris.

Voici aussi les principales étapes de la réalisation des vitraux de la cathédrale de Lausanne.

En 1918, un concours est lancé pour la réalisation de nouveaux vitraux à la Cathédrale de Lausanne. Le comité de restauration s’adresse à trois artistes : Ernest Biéler, Louis Rivier et Marcel Poncet. Pour son projet, Rivier s’inspire des vitraux de la Cathédrale de Chartres. 

En 1919, la commission se réunit pour examiner les maquettes des trois participants et émet de nombreuses critiques. La proposition de Rivier est jugée confuse et mal équilibrée. Poncet, jeune artiste genevois, gagne le premier prix. Il reçoit des éloges, mais aussi des remarques négatives. 

Rivier rédige un mémoire polémique : il regrette l’absence d’un artiste au sein de la commission et accuse celle-ci d’incompétence en matière d’histoire de l’art et de pratique du vitrail. Cet acte ne modifie pas l’issue du concours. Deux verrières sont attribuées à Poncet, dont une représentant les quatre évangélistes. Le vitrail est exécuté et mis en place. Le résultat final est controversé et la polémique autour du projet grandit. 

En 1926, la commission des vitraux organise un deuxième concours sur appel. Parmi les concurrents : Rivier et Poncet. La candidature de ce dernier n’est pas retenue. La répartition des vitraux se fait entre Louis Rivier, Charles Clément, Alexandre Cingria, François de Ribaupierre et Edmond Bille.

Rivier est, quant à lui, félicité : par les paroles de l’historien Eugène Bach, qui le juge comme étant « le seul apte à exécuter un travail aussi considérable et aussi difficile », et par la commission elle-même qui lui confie la partie la plus importante du projet, c’est-à-dire les neuf fenêtres hautes du chœur illustrant la divinité du Christ. Les vitraux sont exécutés par l’atelier Guignard et Schmit à Lausanne entre 1930 et 1931. 

En 1931, Louis Rivier signe la convention pour la face orientale des croisillons nord et sud et réalise les cartons suivants : La Vocation d’Abraham et Adam et Eve chassés du Paradis. Les vitraux sont exécutés par le même atelier en 1932. 

La même année, Louis Rivier est mandaté avec François de Ribaupierre (1886-1981) pour la réalisation des six fenêtres de la face septentrionale du croisillon nord. L’exécution des vitraux a lieu entre 1932 et 1933, toujours par l’atelier Guignard et Schmit.

Les commentaires de la presse au sujet des vitraux de Rivier sont prudents, voire inexistants. En revanche, les instances officielles approuvent et applaudissent son œuvre. Une œuvre qui crée le lien entre foi et inventivité et « qui cherche à atteindre l’intemporel, la grâce pacificatrice d’un monde transfiguré ». (Sophie Donche Gay, Les vitraux du XXe siècle de la cathédrale de Lausanne, p. 129).

Type de contrat:
concours sur appel
Commentaires sur la propriété:

Les vitraux de la cathédrale de Lausanne appartiennent au Canton de Vaud. Les photographies et les diapositives des vitraux font partie d’un fond appartenant aux Archives Cantonales Vaudoises, dont voici la cote précise : ACV SB 52 Dd 2/1.

Éléments liés:
Bibliographie
  • Sophie DONCHE GAY. 1994. Les vitraux du XXe siècle de la cathédrale de Lausanne, Lausanne : éditions Payot., p.73
  • Dario GAMBONI. 1985. Louis Rivier (1885-1963) et la peinture religieuse en Suisse Romande, Lausanne: Payot , p.114-115
  • Richard HEYD. 1943. Rivier, Neuchâtel et Paris : Editions Delachaux et Niestlé, p.105-112