Le nom de Louis Rivier est accompagné de la signature « A. Guignard & J. Schmit », verriers, ainsi que du lieu et de la date de création : Lausanne, 1923.
Ce vitrail, conçu par Louis Rivier, décore le temple de Bretonnières, dans le canton de Vaud en Suisse. Il s’insère dans une fenêtre à meneaux, polylobée. Les deux lancettes représentent respectivement la parabole du Bon Berger et celle du Divin Semeur. Dans un oculus quadrilobé, la colombe du Saint-Esprit surmonte les deux compositions.
Dans la lancette de gauche, le Christ est représenté en Bon Pasteur : métaphore indiquant son rôle de guide spirituel capable de rassembler les croyants. Dans la lancette de droite, il est un Semeur jetant des graines au sol : certaines tombent sur des roches et leur semence est perdue, d’autres fécondent de la bonne terre et promettent une fructueuse récolte.
Seuls quelques détails vestimentaires différencient les deux figures : à gauche, le berger est habillé d’une tunique rose, il tient un bâton dans la main et porte un ample châle rouge et vert. A droite, le semeur est vêtu d’une tunique orange ; il porte un sac à bandoulière rose contenant les semences. Aux pieds du berger, des brebis broutent. Une d’entre elles, tourne son museau en direction de l’homme qui la regarde avec tendresse. Aux pieds du semeur, on remarque des roches, des épis et des formes géométriques colorées évoquant des fleurs.
Les deux figures portent des longs cheveux et une barbe brune. Elles se distinguent d’un fond bleu décoré de motifs géométriques circulaires. L’effet est celui d’une mosaïque obtenue par la juxtaposition de morceaux de verre colorés.
Dans l’oculus, la colombe plane, les ailes déployées, en direction du spectateur. Sa position frontale est parfaitement symétrique et centrale. Deux éléments purement décoratifs, de forme triangulaire, colorés en orange et en bleu, complètent le décor et se situent de part et d’autre de l’oculus.
La gamme chromatique est dominée par le bleu et le rouge. Cette dernière couleur est déclinée en plusieurs nuances allant du jaune, à l’orange, au rose saumon, jusqu’au rose vif et au rouge carmin. Combinées et juxtaposées entre elles, les pièces de verre génèrent une lumière chaude, orangée. L’atmosphère est surréelle et mystique, bien que certains détails iconographiques affichent un certain réalisme. On pense notamment à la représentation des brebis et à l’attitude sereine et douce du berger. La posture du semeur est, au contraire, davantage construite et statique, tout comme la représentation symbolique de la colombe.
L’absence de perspective caractérisant le fond, abstrait et décoratif, crée un effet de contraste avec la tridimensionnalité, bien marquée, des personnages. Celle-ci est soulignée par les drapés à l’effet sculptural des habits ainsi que par les traits noirs et épais signalant les volumes des corps.
Bon état.
Le vitrail a été conçu par Louis Rivier et réalisé par l’atelier Guignard et Schmidt à Lausanne, le même atelier qui fabrique les vitraux de la cathédrale de Lausanne.
En janvier 1923, les échafaudages de l’Aula de Rumine sont démontés. L’inauguration a lieu le 21 avril 1923. Rivier reçoit le titre de docteur ès Lettres honoris causa par l’Université. « Plus de 15'000 visiteurs défilèrent dans l’aula pendant les trois mois qui suivirent. En dépit d’une campagne hostile et insidieuse qui commençait à se développer. » (Richard Heyd. 1943. Rivier, Neuchâtel et Paris : Editions Delachaux et Niestlé, p. 64). La gigantesque peinture murale est terminée après 8 ans de travaux.
La même année, Rivier peint le Portrait de famille. Il exécute la première partie (les quatre évangélistes) de la décoration de l’église grecque orthodoxe de Lausanne (jusqu’en 1924). Il voyage en Italie et admire, entre autres, un portrait de Raphaël, au Palais Pitti, La Gravida.
Il exécute un vitrail représentant les deux premiers martyrs de la Réforme, « commande que les protestants de Belgique destinaient à la ville de Bruxelles. Remise le 30 octobre entre les mains du bourgmestre Max, la verrière fut placée à l’Hôtel de Ville. » (Richard Heyd. Rivier, p. 84)
A cette époque, Louis Rivier dirige à Lausanne une école d’art privée. Il participe au Salon de la Nationale à Paris et expose le vitrail pour l’Hôtel de Ville de Bruxelles à Arlaud du 21 au 22 octobre.
Il peint à l’encre de Chine une série de 12 planches illustrant la Bible.