Maternité (Julie et Dominique)
Droits:
Réservés
Crédits:
Arnaud Meylan
Année de la prise de vue:
2009
Type d'œuvre:
peinture
Auteur:
Louis Rivier
Transcription de signature:
LR
Emplacement: —
Remarques sur la signature:

Présence du monogramme de l’artiste composé par les initiales L et R entourées d’un losange aux angles arrondis.

Description iconographique:

Louis Rivier peint une mère portant un petit enfant dans ses bras. On reconnaît son épouse Julie et un de leurs enfants : Dominique sans doute, le seul enfant de la famille à avoir les yeux bleus.

Julie est représentée de trois-quarts, le buste légèrement tourné vers la droite en direction de l’enfant. Elle pose les doigts de sa main gauche sur le flanc du petit. Leurs joues et leurs tempes se touchent dans un geste complice et intime. Julie a des cheveux gris foncé partagés par une raie centrale. Ses yeux clairs brillent et fixent le spectateur. Elle sourit délicatement ; elle a l’air sereine et un brin amusée. Elle porte une robe rouge garance à l’ample décolleté. Ses épaules sont recouvertes d’un châle blanc transparent qu’elle retient avec la pointe de ses doigts contre la peau nue de l’enfant. Ce dernier est blond ; il porte une courte frange sur le front. Ses joues sont d’un rose vif ; ses yeux bleu clair. Il sourit légèrement et entoure le cou de sa mère de ses bras.

Le duo occupe la quasi totalité de l’espace et se trouve en position centrale. A l’arrière-plan, le paysage est verdoyant : un pré vert clair est traversé par une rivière au cours sinueux. On remarque, sur la droite, la présence d’un petit pont et d’un arbre long et fin : un élément figuratif récurrent dans les paysages champêtres de Rivier. Au loin, des reliefs bleutés se chevauchent et sont surmontés par un ciel bleu clair, vaporeux et voilé de rose. Un nuage, de forme allongée, couronne les deux têtes comme s’il s’agissait d’une auréole.

La simplification et l’idéalisation du paysage ainsi que la manière de fondre les couleurs en effaçant le dessin - les teintes s’amalgament et créent une surface à l’aspect « moelleux » et « velouté » - confèrent à la composition un caractère irréel, idéal et presque onirique. Cependant certains détails des visages (comme les yeux, les lèvres, les sourcils et les cheveux) sont d’un grand réalisme. On reconnaît aussi les protagonistes qui font partie de la famille de l’artiste.

La composition baigne dans une lumière vive et étale. Les ombres sont rares : on remarque celle façonnant les plis des habits et celles, portées, des doigts de Julie. Les couleurs dominantes sont le vert, le rouge et le blanc : trio de teintes amplement utilisé par Rivier, en particulier dans ses Maternités. Julie est souvent habillée de rouge et de blanc et les paysages sont verdoyants et abstraits, dépourvus de références précises au contexte temporel et spatial.

On connait d’autres œuvres consacrées à ce même sujet, similaires aussi dans la structure et la composition. On pense notamment à Mère à l’enfant (Julie et Isabelle) de 1922, Mère à l’enfant (Julie et Robert) de 1925, ainsi qu’à La Toilette réalisée en 1927.

Intitulés Maternité ou Mère à l’enfant, ces tableaux font référence à un genre traditionnel de la peinture religieuse : la représentation de Marie avec Jésus. Les sources d’inspiration de Rivier sont sans doute les Madones de Raphaël. Cependant, Louis Rivier rend profane ce thème religieux en peignant les membres de sa propre famille. La composition acquiert ainsi une double dimension : familiale, mais aussi atemporelle et sacrée.

Type de composition:
maternité
Dimensions (en cm)
Hauteur:
45 cm
Largeur:
40 cm
Profondeur: —
Dimensions montage (en cm)
Hauteur: —
Largeur: —
Profondeur: —
État de l'œuvre:

Bon état.

Inscription(s) notable(s): —
Technique:
détrempe
Support de l'œuvre:
panneau de bois
Commentaires techniques:

Louis Rivier adopte la détrempe dès 1906 jusqu’à la fin des années 1930. La détrempe est une technique traditionnelle de la Renaissance italienne (tempera all’uovo). « La tempera à l’œuf italienne était l’héritière directe de la tradition byzantine […]. Le nombre de tableaux peints à tempera est considérable […]. Elle est pourtant tombée en désuétude au cours des XVIe - XVIIe siècles. ». (François Perego 2005. Dictionnaire des matériaux du peintre, Paris : Ed. Belin, p. 706).

La recette de Rivier, mise au point par Théophile Robert, comporte du jaune d’œuf, de la résine d’Avar ou copal, de l’huile de noix pure, du vinaigre blanc et de l’eau. (Dario Gamboni, Louis Rivier (1885-1963) et la peinture religieuse en Suisse Romande, p. 97).

Au cours de sa carrière, Louis Rivier rencontre plusieurs difficultés quant à l’emploi de la détrempe. Ces obstacles l’amènent à abandonner momentanément cette technique au profit de l’huile. Mais, « […] après quelques années de tentatives obstinées, il finit par maîtriser la détrempe à tel point qu’il put l’utiliser pour ses paysages aussi bien que pour ses portraits, et pour d’autres compositions. » (Francesco Sapori, Louis Rivier, p. 38).

En 1938-39, Rivier invente, à partir de dessins aux crayons de couleurs, le « procédé spécial », technique qu’il emploiera pour presque toutes ses œuvres même en grand format et réalisées pour des décorations murales. Une exception notoire est la décoration de l’Église orthodoxe grecque de Lausanne qui a été réalisée entièrement à la détrempe, et cela sur une durée de plus de 15 années, jusqu’en 1940.

Lieux de création:
Jouxtens-Mézery
Lieu de conservation:
Collection privée
Provenance: —
Date de création:
Date de création inconnue
Commentaires sur le lieu et la datation:

Ce double portrait pourrait dater de 1920, car l'enfant représenté semble avoir deux ans. Dominique Rivier est né en 1918. Dans un agenda de 1920, figure une esquisse qui reprend précisément cette composition.

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