Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Décoration murale du temple de Mex
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1908-1909
Description iconographique:

Pour sa première commande d’œuvre dans une architecture publique, Louis Rivier peint deux longues frises représentant des anges musiciens, courant sur les murs de la nef du temple de Mex, dans le canton de Vaud. Les frises intitulées L'Alléluia de l’Apocalypse épousent la nef du temple en intégrant les arcs en ogive des fenêtres : des guirlandes fleuries s’élèvent au-dessus de celles-ci. L’artiste répartit aussi son cortège musical de part et d’autre des baies.

Pour représenter ce chœur céleste, de nombreux anges, choristes et musiciens sont disposés sur deux à trois rangées superposées dans une composition serrée et statique. Parmi les instruments de musique, on reconnait une harpe, un violoncelle, une flûte, un luth, une trompette et un orgue. Certains anges ont de longues ailes, déployées et pointues. Leurs visages, aux traits stylisés et doux, ainsi que les drapés des longs vêtements aux couleurs brillantes, sont peints à la manière de Fra Angelico. Rose, bleu, vert, orange, rouge, violet : c’est une fête pour les yeux, d’autant plus que les murs du temple sont monochromes. Cette richesse chromatique et cette jubilation figurative sont exceptionnelles pour un temple protestant. Rivier fait ici œuvre de pionnier en imposant la figuration dans l’art sacré protestant.

Le fond bleu ainsi que la bande rouge courant tout au long du bord supérieur ainsi que les guirlandes de fleurs unifient les frises. Toutes deux sont homogènes et harmonieuses, peu d’éléments diffèrent. Elles se font face en un rythme binaire, tel un écho, un répons.

Louis Rivier adopte un style hors du temps, ou plutôt hors de son temps. Il s’inspire très certainement des fresques de Giotto, peintes dans la Chapelle des Scrovegni à Padoue ou encore des peintures de Benozzo Gozzoli. Dans l’œuvre de Rivier, on y retrouve le même fond bleu, les mêmes couleurs vives caractérisant les habits, la présence d’anges disposés en rangées.

La lumière est étale ; les ombres soulignent délicatement les drapés des tuniques, tubulaires et peu réalistes. L’intention est plutôt allégorique - même mystique - et le style figuratif y répond. Le peintre valorise les formes arrondies et douces comme les nombreuses auréoles qui entourent les têtes des anges. En émane une gracieuse délicatesse. Si l’Apocalypse signe la fin du monde, cet Alléluia magnifie la résurrection et la vie.

Le thème des anges musiciens, ou des jeunes musiciens, profanes ou sacrés, sera récurrent dans l’œuvre de Rivier. Ce sujet réunit deux grands intérêts du peintre : le monde de l’enfance et celui de la musique. Ainsi, Louis Rivier célèbre-t-il l’harmonie céleste.