Louis Rivier peint le portrait de sa fille cadette, Anne, née en 1928. La jeune fille de 19 ans est assise et pose, le coude sur une table nappée dont la broderie bleue au point d'Assise se coordonne avec le tissu de la robe. On entrevoit une lettre manuscrite et un stylo déposés sur la table. Le visage ainsi que le buste se tournent vers la droite. La main gauche repose sur l’avant-bras droit, ce qui assure une tranquillité du corps contrastant avec le visage très intense et comme animé d’un feu intérieur. Peint avec délicatesse et minutie, celui-ci révèle une attitude tournée à la fois sur l’extérieur avec le regard comme projeté vers le monde, dans un hors-champ, et concentrée en une force et un calme intérieurs. Ce portrait est extrêmement réaliste dans sa facture, produisant un effet photographique.

La couleur bleue de la robe de velours, ainsi que le mouvement du drapé sont en harmonie avec les tons et les courbes des montagnes peintes à l’arrière-plan. Le paysage se compose d’un cours d’eau, d’un pont et d’une végétation luxuriante. On respire une atmosphère sereine et en même temps de subtile attente. La lumière rosée qui baigne la composition dominée par le bleu est celle d’un coucher de soleil.

La pose du modèle, la balustrade en bois, peinte ici en un trompe-l’œil, ainsi que le paysage d'inspiration toscane avec les montagnes bleutées traversées par les méandres d’une rivière, évoquent La Joconde de Léonard de Vinci.