Cette page d’agenda est consacrée au croquis de deux fleurs accompagnées d’annotations liées à l’anatomie de la fleur ainsi qu’à des évocations de couleurs.

Sur la gauche, on trouve une fleur - une scabieuse sans doute - avec une corolle pointue dotée de nombreux pétales, d’une longue tige et de feuilles allongées. Un trait de crayon unit la fleur à une annotation, écrite par Louis Rivier, qui en décrit la couleur : « violacé lilas clair ». A côté, le dessinateur esquisse un lys à deux fleurs. Deux annotations l’accompagnent dont une se rapportant aux « pistils orangés » et l’autre à la couleur d’un « bouton verdâtre ». Rivier porte une attention particulière à la représentation de la tige et des feuilles, fines et pointues.

Le dessinateur ne s’intéresse pas à réaliser une composition florale mais à la reproduction naturaliste des fleurs. Le style est donc réaliste.

Contrairement aux dessins sur les pages d’agenda consacrés au mobilier, aux animaux ou aux mères à l’enfant, souvent caractérisés par des lignes souples et des hachures superposées, ici le trait est linéaire car l’artiste s’attache à donner à chaque fleur son identité formelle. On pourrait parler d’un dessin d’observation. Une des sœurs de l’artiste, Sophie Rivier, était connue pour ses dessins botaniques. On constate chez son frère Louis, une même passion, intérêt puissant attesté par Richard Heyd qui, dans la biographie consacrée au peintre, raconte ses échappées durant l’enfance pour se promener dans la nature, attiré par l’observation des fleurs et des paysages.

Proches des fleurs, on remarque la présence de lignes serpentines traçant un parcours irrégulier et anguleux, comme si Rivier avait accidentellement laissé divaguer la pointe du crayon sur la feuille ou qu’il avait voulu commencer l’esquisse d’une branche d’arbre, par exemple. Peut-être, dessinait-il lors d’un voyage en train ?