Ce tableau est une composition allégorique représentant un enfant musicien jouant de l’orgue devant un paysage campagnard et lacustre.

La composition est classique, équilibrée, avec des plans qui se succèdent jusqu’à l’horizon. 

Au premier plan à gauche, se trouve un garçon habillé d’une longue robe de moine de couleur ivoire avec une capuche et serrée autour de la taille par une ceinture en corde. Il est assis, pieds nus, sur un siège en bois de forme cubique recouvert d’un coussin en velours rouge. Ses mains sont posées sur les touches d’un orgue dont on aperçoit la structure en bois et quelques tuyaux à l’extrémité gauche du tableau. 

Dans le coin inférieur gauche, perché sur une pierre rectangulaire, un pigeon l’observe. L’enfant tourne son regard, rêveur et angélique, en direction de l’oiseau, lui souriant la bouche entrouverte. Peut-être chante-t-il ? Sa figure est candide et douce, il a les traits délicats, la peau claire, presque diaphane, les cheveux blonds.

Le musicien se trouve dans une loggia caractérisée par un plafond à caissons représenté en raccourci et soutenu par deux colonnes blanches ouvrant sur un vaste paysage de collines, de lac avec un village en contrebas. Des cyprès forment une allée à gauche masquant en partie un grand coteau jaune tandis qu’à droite un arbre stylisé cadre la composition. Le village regroupe plusieurs maisons serrées les unes aux autres, une église et une maison châtelaine plus imposante. 

Dans le ciel, exactement au-dessus de la tête du joueur d’orgue, Louis Rivier peint un petit nuage blanc. 

Le garçon, ainsi que le paysage, appartiennent à la fois au monde réel et à un contexte idéal. Pour le joueur d’orgue, Louis Rivier s’est vraisemblablement inspiré du souvenir d’un de ses enfants, tout en idéalisant ses traits et en l’habillant d’un vêtement religieux. Le village ressemble à un village de la campagne vaudoise, le coteau signale le Lavaux, le lac et les collines aux formes arrondies évoquent davantage un lac italien. Les cyprès et l’architecture de la loggia rappellent la Toscane. Rivier invente un paysage fait d’éléments familiers.

L’ambiance générale de ce tableau s’inspire de certaines compositions de la peinture de la Renaissance italienne et, en particulier, de celles de Piero della Francesca. On pense par exemple à La Flagellation du Christ (entre 1444 et 1478) caractérisée par le décor de la loggia et la présence de colonnes soulignant une division de l’espace par zones rectangulaires et verticales. Cette manière de structurer l’espace entre un extérieur et un intérieur qui communique est reprise par Louis Rivier qui l’adapte s à son propre contexte et aux thèmes qui lui sont chers : le monde de l’enfance, la musique, les paysages connus, une certaine spiritualité et religiosité. 

Dans son ensemble, la tonalité chromatique du tableau est un camaïeu de couleurs passées. La lumière est diffuse, dorée et rosée, elle confère à la scène une atmosphère chaleureuse et atemporelle. C’est vraisemblablement le moment du coucher du soleil. Il n’y a presque pas d’ombres portées, seules les parties droites des colonnes ainsi que le sol de la loggia sont légèrement obscurcis. 

On peut noter d'autres Petits joueurs d'orgue comme celui de 1944 et celui de 1943.