Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Paysage au-dessus de Montreux
Auteur:
Louis Rivier
Date de création: —
Description iconographique:

Ce petit tableau vertical représente un paysage de lac et de montagnes avec un chêne au premier plan. L’arbre se trouve sur la droite et il occupe une grande partie de l’espace, environ un tiers de la composition. Les extrémités de ses branches sans feuilles sont situées hors champ. Son tronc est couvert de lierre. Le chêne est enraciné au bord d’une pente ; le précipice semble vertigineux.

Derrière le chêne, on voit d’autres arbres sans feuilles, peints en perspective. Le pré d’un vert brillant occupe une portion d’espace triangulaire (dont l’angle droit coïncide avec le coin inférieur du tableau). Sur la gauche, Louis Rivier peint une montagne pentue aux nuances bleutées et, au loin, d’autres sommets aux couleurs claires. En contrebas, on voit le Léman qui s’insère entre la pente verte et la montagne. Lac et montagne dessinent, eux-aussi, des triangles imaginaires aux périmètres irréguliers.

La composition baigne dans une lumière bleutée distribuée d’une manière étale et fusionnant avec les différents types de bleus des reliefs, du lierre et du lac. Les couleurs froides, allant du bleu foncé à l’indigo en passant par différents tons plus clairs, sont avivées par des éclats de rose tracées en stries sur le versant de la montagne et sur le tronc du chêne.

Le ciel est voilé par une légère brume qui le rend vaporeux. Il s’agit vraisemblablement d’une fin d’après-midi du début du printemps.

On le sait, Louis Rivier travaillait principalement de mémoire ; il a probablement vu ce paysage lors de ses promenades avec son père au-dessus de Montreux et il l’a peint plus tard. C’est une œuvre de jeunesse, caractérisée par un emploi libre et presque désinvolte de la détrempe. Rivier procède en superposant des couches variées de couleurs diluées. De nombreux petits à coups, produits avec la pointe du pinceau, forment le feuillage du lierre. Le résultat est postimpressionniste. Le pré est, quant à lui, est davantage impressionniste : les touches vertes et jaunes transmettent d’une manière synthétique, plutôt qu’analytique, la texture de l’herbe. Le même style impressionniste caractérise la montagne de gauche : les couleurs s’amalgament et font surgir une forêt ombragée. Les reliefs, à l’arrière-plan, et le lac, en contrebas, sont évoqués grâce à des plages de couleur très diluées.

Cette composition possède une structure classique : un paysage rythmé par des lignes de construction obliques créant des espaces triangulaires et ouvrant sur le lointain. Cependant, on peut déjà constater un type de cadrage moderne, car « sélectif » : comme s’il s’agissait d’une photographie, Louis Rivier coupe le sommet de l’arbre et focalise l’attention du spectateur sur le tronc enroulé de lierre. La couleur est aussi utilisée d’une manière moderne ; le vrai protagoniste de cette composition est le bleu. Effectivement, son emploi ne répond pas à des critères réalistes, mais plutôt expressionnistes, suscitant des impressions physiques et psychiques. C’est ainsi qu’une brise lacustre semble souffler, en même temps qu’un air vaguement mélancolique, sur ce paysage de montagne aux teintes évaporées.