Il s’agit d’une composition allégorique représentant une jeune femme endormie dans un paysage champêtre.
Cette figure féminine nue, que l’on pourrait identifier comme une Vénus, est allongée sur un drap blanc dans un pré vert. Elle repose sur le flanc et porte ses bras derrière la nuque pour soutenir sa tête. Son corps horizontal occupe la quasi-totalité de l’espace. Sa beauté est idéalisée : courbes arrondies d’une grande douceur, traits stylisés et carnation d’une perfection irréelle. Cependant, le rendu de ses longs cheveux blonds effleure l’hyperréalisme : Rivier prête une attention particulière à la représentation de chaque mèche et leur traitement pictural procure des sensations tactiles. On perçoit leur consistance soyeuse et leur légèreté. Le drap, quant à lui, a une apparence à la fois « solide » et « moelleuse ». Les plis qui se forment sur le devant ont un effet sculptural, tandis que ceux situés derrière le corps de la jeune femme semblent presque se liquéfier et se confondre avec la végétation. Cette Vénus pourrait être inspirée de la Vénus endormie de Giorgione (1510).
A l’arrière-plan, le paysage est verdoyant. On voit des arbres, disposés d’une manière libre et volontairement asymétrique. Au loin, s’élèvent des reliefs bleutés surmontés d’un ciel bleu clair. Ce paysage est peint d’une manière réaliste en contraste avec le style allégorique du personnage féminin.
La composition baigne dans une lumière claire, vive et étale. La gamme chromatique est dominée par le bleu, le vert, le blanc et le rose de la carnation, modelées et nuancées pour créer des effets de profondeur et de volume. Les ombres façonnent, d’une manière bien définie, les plis du drap. D’autres ombres, soulignent les contours du corps de la jeune fille.
De nombreuses affinités formelles et iconographiques relient ce tableau à L’Eveil à la poésie, œuvre antérieure réalisée par le peintre en 1912 et figurant un jeune homme nu à la beauté idéalisée, allongé sur une couverture, dans un paysage verdoyant.
Dans ce portrait allégorique, la Venus endormie conduit le spectateur vers une dimension autre : c’est un voyage vers un monde onirique, visité par les muses et les déesses.
Ce portrait allégorique figure au verso d’un autre tableau : Peupliers (La Plaine de l'Orbe), daté 1930.