Cette peinture représente une jeune fille nue s’essuyant après un bain. Elle est debout, tournée de dos, le corps orienté de trois-quarts ; elle se tient sur une plage au bord de l’eau.
La jeune fille est légèrement penchée vers l’avant ; elle soulève un linge et s’essuie le bras et la jambe droite. Les formes arrondies de son corps rappellent celles des nombreuses baigneuses peintes par Pierre-Auguste Renoir. Il s’agit d’un thème iconographique traditionnel, maintes fois représenté par les peintres.
La baigneuse de Rivier porte des cheveux châtain clair attachés en chignon derrière la nuque ; une grande mèche couvre le côté gauche du visage. La silhouette de la jeune fille occupe presque entièrement la surface du tableau. Sur la droite, on reconnait un lilas en fleurs. Accroché à une branche, est suspendu un vêtement jaune vif.
Deux touffes d’herbe surgissent d’un terrain sablonneux, ocre, aride. Un plan d’eau (lac) turquoise, signale le bain. Au loin, la végétation est dense, couleur vert foncé. Dans le bord supérieur du tableau, on aperçoit une portion de ciel bleu.
La composition baigne dans une lumière chaude ; les ombres façonnent les plis du tissu blanc et celles du vêtement. Les différents éléments naturels composant le paysage ne créent pas d’ombres. Cela procure un effet étrange, comme si la plage, la végétation, le lilas s’aplatissaient derrière le corps volumineux de la jeune fille. Celui-ci, au contraire, projette au sol une ombre portée bien visible. Il en résulte une atmosphère fictive, onirique.
Le paysage est peint de manière synthétique, tandis que le corps de la baigneuse est davantage défini. Bien qu’idéalisé, il se manifeste comme un élément réel. Cette impression est aussi suggérée par les différentes ombres modelant ses courbes et ses volumes.
Contrairement à d’autres œuvres de Louis Rivier représentant de femmes nues à la beauté idéalisée, ce tableau n’a rien d’allégorique. Seule sa source d’inspiration l’est. En effet, le peintre s’inspire de sa propre œuvre Le jugement de Paris (1922). La baigneuse est une citation de la déesse Athéna. Dans ce tableau, Athéna se rhabille après avoir été éliminée par Paris qui, appelé à nommer la plus belle parmi trois déesses, choisit Aphrodite. Nue, de dos, tournée de trois quarts, Athéna remonte son vêtement après sa défaite. Sa corpulence, la courbe de ses jambes et de ses fesses, sa coiffure et même sa robe jaune vif accrochée à l’arbre, sont les mêmes que celles de la Baigneuse.
Celle-ci, contrairement à la déesse, est une jeune fille surprise lors d’une activité menée dans la nature. Cette nouvelle situation dans laquelle Rivier plonge le même modèle féminin, est beaucoup plus humaine et quotidienne. Cela n’affaiblit pas la grâce féminine qui émane de la jeune fille. Au contraire, sa beauté est davantage valorisée par la simplicité du contexte et par la place centrale qu’elle occupe au centre du tableau.