Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
La Visitation
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1936-1938
Description iconographique:

Il s’agit d’une composition religieuse représentant la rencontre entre Marie et Elisabeth. Selon le récit biblique (Luc 1, 39-45), Marie, enceinte de Jésus, rend visite à sa cousine Elisabeth, au sixième mois de la conception de Jean-Baptiste. Cet épisode préfigure de manière prophétique la mission de Jean-Baptiste : annoncer la venue du Christ.

Louis Rivier situe la scène dans un paysage de campagne. Dans le coin inférieur gauche de la composition on entrevoit deux marches. Elisabeth sort de sa maison pour aller à la rencontre de Marie. Elle est de dos, tandis que sa jeune cousine est de face. Les deux femmes sont représentées dans un mouvement suspendu : elles marchent rapidement, s’approchent et enfin se prennent les mains dans un geste intime révélant toute l’émotion de ce moment de rencontre.

Elisabeth est habillée d’une longue tunique rouge bordeaux et d’un châle clair ; sa tête est recouverte d’un voile. Marie est, quant à elle, habillée d’une tunique marron, d’un corset rouge bordeaux et d’un tablier bleu clair. Elle porte des cheveux longs attachés derrière la nuque. Elle sourit et semble heureuse.

Les deux femmes chaussent des sandales. Elles se tiennent sur un sentier de terre claire dessinant un grand S. Tout autour, des prés verts et, plus loin, des collines. En haut, à droite, on distingue un village perché sur une colline. On remarque plusieurs habitations aux façades colorées dont certaines ont un toit en paille. Au sommet se trouve un château fort médiéval.

Le contexte architectural est hybride. Les grandes marches blanches de l’escalier partiellement hors champ de l’habitation d’Elisabeth, par exemple, laissent imaginer une architecture de type classique. Les maisons aux toits en paille jouxtent des habitations modernes caractérisées par des toits en pierre. Rivier élabore ici une architecture hybride.

Les règles de la perspective sont aussi chamboulées. Les silhouettes de Marie et d’Elisabeth sont imposantes face à celle du cultivateur qui se tient debout, appuyé contre sa faux, dans le champ de gauche. En effet, bien qu’il semblerait proche du duo, sa taille est très petite par rapport à celle des deux femmes. Quant aux habitations du bourg, bien que le sentier qui les précède ne soit pas très long, elles sont dessinées en miniature. Seuls les arbres longeant le chemin répondent aux règles classiques de la perspective.

La journée est ensoleillée et la lumière étale. Quelques ombres rythment la composition. On pense notamment aux ombres portées des deux figures féminines, mais aussi à celle de la colline de droite qui obscurcit le terrain à ses pieds. D’autres ombres façonnent les plis des habits en conférant aux tissus un aspect sculptural. Le tablier de Marie, qui se plisse et bouge vers la droite à cause du mouvement rapide de sa marche, a malgré tout un aspect solide.

La gamme chromatique est riche, principalement constituée de couleurs estompées : vert, bleu, rouge, marron, beige, ocre, rose, gris. Les rouges bordeaux des vêtements des deux femmes ressortent de cet ensemble et captivent l’attention du spectateur.

L’herbe du pré, le feuillage des arbres, la terre du sentier sont dessinés avec minutie. Au contraire, la caractérisation des personnages répond à une certaine stylisation des traits physionomiques. Cependant, on remarque quelques détails réalistes, comme la position relâchée du cultivateur qui observe les deux femmes et la présence discrète d’un voyageur avec sa sacoche, marchant au loin sur le sentier en direction du bourg. Lui aussi semble se retourner pour observer la scène.

Louis Rivier focalise son attention sur les aspects narratifs, tout en conférant une importance particulière à l’expression du sentiment amical et affectueux éprouvé par Marie et Elisabeth. Il accentue l’exceptionnalité du moment par le biais de choix formels (la disproportion entre la taille des deux femmes par rapport à celle du cultivateur et les couleurs chaudes de leurs vêtements par rapport à la gamme chromatique générale) et par les détails iconographiques (l’étreinte des mains et à l’accélération de la marche suggérée par la position des pieds).

La Visitation fait partie d’une série de 60 illustrations dessinées, consacrées à la représentation d’épisodes bibliques.