Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Portrait de Julie au médaillon
Auteur:
Louis Rivier
Date de création: —
Description iconographique:

Ce tableau est un portrait de Julie Rivier, épouse du peintre. Julie est assise, le buste orienté de trois-quarts, le visage à peine tourné vers la droite. Son regard s’adresse au spectateur. Elle pose le coude et la main droite sur une table en bois marron foncé. On ne peut penser qu’à la pose de Mona Lisa dans le tableau de Léonard de Vinci, elle aussi accoudée sur un bras de fauteuil, les doigts épousant la courbure de l’extrémité du siège. Le dos de la main gauche repose sur la jambe : la main aux doigts légèrement écartée est souple. Julie porte un manteau de fourrure - petit-gris- couleur taupe, une robe rouge garance et un chemisier blanc. Sa peau est rose clair, lisse et presque sans rides. Ses yeux sont vifs, d’un gris vert transparent. Ses lèvres sont serrées et son expression est paisible, mais aussi sérieuse. Les cheveux, d’un gris lumineux, sont partagés par une raie centrale. Elle est vraisemblablement coiffée de son habituel chignon.

Dans ce tableau, on reconnait plusieurs accessoires figurant dans la plupart des portraits de Louis Rivier consacrés à son épouse. On pense notamment au collier doré portant le médaillon ovale, serti d’or avec trois pierres précieuses incrustées, véritable emblème de Julie. Selon le récit familial, Julie a reçu ce médaillon de sa mère qui l’avait elle-même reçu de sa mère, Virginia Robert née Imer qui le tenait de sa mère Rose Imer de Gélieu. Il provient du roi de Prusse Frédéric-Guillaume III qui l’avait offert à Salomé de Gélieu, préceptrice de Louise, reine de Prusse, son épouse.

On reconnait aussi la bague sertie de trois perles blanches portée à l’annulaire droit. Bijou que l’on trouve aussi dans le Portrait de jeune femme (Julie) de 1913 et dans le Portrait de Julie Rivier (au manteau de fourrure) de 1943.

Rivier porte une attention particulière au rendu des matières et peint avec minutie les poils de la fourrure. La carnation du visage et des mains, la consistance soyeuse des cheveux, la transparence de l’iris sont aussi d’un grand réalisme et relèvent d’un effet photographique.

A l’arrière-plan, se déroule un paysage composé d’une vaste prairie verdoyante et de reliefs bleutés au loin, sans doute la chaîne du Jura visible à Mathod. Toute la moitié supérieure est consacrée au ciel : un ciel bleu indigo légèrement brumeux, traversé par un long nuage blanc torsadé. Cette séparation de l’arrière-plan, en deux moitiés égales, consacrées respectivement à la terre et au ciel, a vraisemblablement une connotation symbolique. Les montagnes au niveau des épaules de Julie et le nuage de forme allongée encadrent son visage. Le buste se démarque du paysage, la tête du ciel. Cette manière de diviser la silhouette de Julie laisse supposer la présence d’un message symbolique. Comme si le peintre voulait exprimer, d’un côté l’ancrage de Julie au sol (épouse et mère de famille) et de l’autre, une facette plus spirituelle de son caractère.

La composition baigne dans une lumière claire et étale. Les ombres façonnent les plis du manteau et modèlent les volumes du visage et des mains. La figure de Julie est en position centrale. Sa tête et son buste dessinent une forme pyramidale d’inspiration raphaélesque. La gamme chromatique est construite à partir de quatre couleurs principales : le rouge, le marron, le vert et le bleu. Ces couleurs trouvent aussi leur source d’inspiration dans plusieurs compositions religieuses de Raphaël et, en particulier, dans ses « Vierges à l’enfant ».

Par ces choix formels, et par la référence à la grande peinture de la Renaissance italienne, Rivier ennoblit la figure de Julie : icône profane et sacrée. Julie a été représentée maintes fois par le peintre, souvent en compagnie d’un ou de plusieurs de leurs enfants. Dans ce portrait, elle est seule, peinte non plus en tant que mère, mais en tant qu’épouse âgée. Elle fixe le spectateur et, en même temps, c’est comme si elle regardait « en soi », du côté de sa vie passée, se rappelant les épreuves et les expériences vécues. Elle exprime une certaine assurance et une paix intérieure.