Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
La cour
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
Date de création inconnue
Description iconographique:

Il s’agit d’un petit tableau représentant un paysage architectural et végétal. Le point de vue du spectateur est surélevé. La perspective s’ouvre sur une cour avec jardin.

Sur la gauche, Rivier figure le péristyle de la résidence de Mathod, où le couple Rivier s’installe définitivement à partir de 1939. De cet élément architectural classique, on admire la colonne avec son fût lisse sans cannelures, son chapiteau dorique et, dans le coin supérieur, le côté extérieur du fronton et de l’entablement. Celui-ci est de forme évasée et décoré par des reliefs dessinant des bandes horizontales. Dans le coin inférieur, on entrevoit une balustrade en fer forgé que l’on imagine courir d’une colonne à l’autre.

L’allée centrale et principale de la cour est dessinée en perspective diagonale. Elle est précédée par un parterre circulaire situé au pied du péristyle. Elle traverse le jardin et bifurque à gauche et à droite en séparant les parties herbeuses en quatre parcelles rectangulaires.

Quelques arbres dépouillés occupent le côté gauche du jardin. Au bout de l’allée, de part et d’autre de celle-ci, deux cyprès s’élèvent telles deux colonnes marquant l’entrée au jardin. Au loin, sur la droite, se tiennent quelques arbres au feuillage jaune ainsi qu’un grand arbre aux branches sèches.

L’arbre dépouillé est un motif récurrent dans l’œuvre de Rivier. Il symbolise souvent la finitude. Cependant, ici, sa présence semblerait plutôt être un indice suggérant la saison. Nous sommes vraisemblablement à la fin de l’automne quand les arbres perdent leurs feuilles, mais que l’herbe est encore verte et que les montagnes ne sont pas enneigées.

Un mur longe le côté gauche du jardin, interrompu par la présence d’un petit cabanon.

Le paysage se déployant à l’extérieur de la cour met en scène la campagne et les montagnes de la chaîne jurassienne. Il y a dans cette vue un doux chevauchement des monts, le château de Champvent au loin sur sa colline, les reliefs bleutés et le ciel voilé par une légère brume rose. Toute la composition baigne dans une lumière rosée, très claire.

La gamme chromatique est estompée ; les teintes beiges prévalent rehaussées par les verts, par les troncs marron et les toits rouge foncé, bordeaux. La végétation est parfois piquée de rouge : il s’agit des feuillages embrasés de quelques arbres.

Cette composition est harmonieuse. Traversée par de nombreuses lignes verticales, horizontales et diagonales, et construite à partir de nombreuses formes géométriques, elle dégage une sobriété épurée. La diagonale de l’allée centrale est coupée par l’horizontale du chemin divisant le jardin. La verticalité de la colonne se redouble dans les balustres en fer forgé et dans les troncs des deux cyprès. Le cercle du parterre dialogue avec les rectangles d’herbe du jardin : formes qui se retrouvent dans le chapiteau et dans la base de la colonne, également. Le toit pignon du cabanon est triangulaire et entre en résonance avec les tours du château, au loin.

Une grande ombre, celle de la façade de l’habitation, vient obscurcir délicatement la première partie du jardin. On sait alors que l’on est en fin d’après-midi lorsque le soleil a tourné vers l’ouest.

Louis Rivier rend hommage à la demeure familiale en portant son attention sur l’extérieur ; l’ombre s’étalant dans la cour est une mention discrète, métaphorique, de sa présence. L’artiste renverse le point de vue habituel et fait comme si les montagnes, les collines, le jardin, la cour regardaient sa maison. Il laisse ainsi, à l’imagination du spectateur, le plaisir de visualiser l’habitation inscrite dans ce beau paysage.