Cette œuvre précoce de Louis Rivier est un portrait en buste de jeune fille dont l’identité n’est pas connue. La figure se présente de face, la tête à peine tournée vers sa gauche. Elle regarde devant elle, en direction du spectateur, sourit et instaure ainsi une certaine complicité avec celui qui la contemple. Elle est assise, penchée légèrement vers l’avant, les bras croisés et posés sur ses genoux. Elle est habillée d’une robe rouge avec un décolleté carré et deux courtes manches noires. Elle porte un tablier blanc plissé. Ses cheveux châtain clair sont attachés en chignon avec un ruban. Un voile ultra fin semble recouvrir la chevelure et les oreilles. Son visage se démarque d’un arrière-plan noir uni qui fait ressortir la carnation rose vif des joues, du cou et des bras.

Le cadrage serré et le fond monochrome permettent au peintre de concentrer toute son attention sur la figure. On remarque l’attitude un brin coquette de la jeune fille : la posture relâchée, le sourire presque malicieux, tout comme le regard qui ne fuit pas celui du spectateur, mais au contraire, le cherche pour entrer en relation.

Les traits physionomiques sont peints avec grâce, avec un réalisme idéalisé. Le corps et le visage de la jeune fille répondent volontiers à une typologie. Le choix du vêtement confirme cette idée : un élégant habit traditionnel, atemporel que l’on peut trouver dans la peinture flamande ou dans des costumes folkloriques dotés de couleurs simples (rouge, noir et blanc).

Quant au fond noir et au choix de la peinture à l’huile, Rivier semble s’inspirer de la peinture flamande avec un élan vers le clair-obscur d’un Georges de La Tour (XVIIe siècle) produit par l’arrière-plan sombre sur lequel émerge la figure lumineuse. Le recours à l'huile sur bois rappelle aussi la peinture du Nord découverte par Rivier en 1909-1910.

Dans le portrait la lumière provient de la gauche. Le côté opposé du visage de la jeune fille est donc légèrement dans l’ombre. Des ombres modèlent délicatement les volumes du cou, des mains et des bras. Les lignes courbes prévalent et mettent en valeur les formes douces et rondes de la jeune fille. Ce portrait inspire un sentiment de sérénité. On est loin du style hyperréaliste et à l’effet photographique des portraits plus tardifs, mais on y retrouve certains éléments typiques, comme le cadrage serré, le sourire, le regard complice et l’attention portée aux aspects psychologiques.