Ce tableau est un portrait de Marion Rivier, troisième enfant du peintre, née en 1915 après deux garçons, Jean-Louis et André. La fillette est ici âgée d’environ 5 ans. Son visage est orienté de face, elle regarde droit devant elle et sourit au spectateur, semblant l’interpeler. Le cadrage est serré et le format du tableau est ovale, lui donnant un aspect intime de médaillon. La surface peinte est quasi entièrement occupée par la figure de Marion dont on voit le visage, les épaules et une partie du bras droit. Ce dernier est posé, le coude hors champ, la main gauche repose sur le dos de la main droite. La position du bras procure un léger effet de trompe l’œil, comme s’il pouvait sortir du cadre. Cela accentue la proximité avec le spectateur.

Marion est habillée d’une robe bleu ciel sans manches. Elle a les cheveux légèrement bouclés et coupés au carré ; une frange lui couvre le front. Sa chevelure châtain clair est ornée d’un nœud bleu. Le regard de la petite fille transmet une sensation de sérénité et de douceur. Ses joues sont d’un rose vif, tout comme ses lèvres. La courbe de ses épaules est délicate et les doigts de sa main sont fuselés.

A l’arrière-plan, dans la partie inférieure, on devine la présence d’un paysage aux teintes bleutées : des montagnes, probablement. Toute la partie supérieure est occupée par un ciel bleu clair et jaune, peint en dégradé.

La gamme chromatique de ce tableau est réduite : le rose de la carnation, le marron clair des cheveux et des yeux, les bleus de la robe, du nœud, du ciel et des montagnes au loin.

La lumière est étale et claire. On remarque l’ombre portée du nœud se reflétant sur les cheveux de Marion, qui sont illuminés par le soleil. D’autres ombres modèlent délicatement les volumes du visage, des mains, du cou et des plis de la robe.

Louis Rivier porte une attention particulière au rendu de la carnation et aux détails physionomiques procurant des sensations tactiles, tels que les cheveux, les sourcils, les cils. On ressent la consistance soyeuse et en même temps vaporeuse des cheveux ondulés.

On connait un autre portrait de Marion réalisé par Louis Rivier en 1926 où l’on retrouve la même douceur du regard et le même sourire complice, mais aussi le détail du nœud - coiffure typique de l’époque- comme s’il s’agissait aussi d’un emblème ou d’un attribut associé à la petite fille. Ce portrait délicat inspire un sentiment de tendresse, d’amour et de quiétude.