Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Portrait de Madeleine Mercier-de Loriol
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
Date de création inconnue
Description iconographique:

Ce portrait en plan rapproché représente Madeleine Mercier-de Loriol, épouse de Georges Mercier, un des meilleurs amis de Louis Rivier et fils de Jean-Jacques Mercier-de Molin. Ce dernier était commanditaire du peintre pour la décoration de la salle à manger du Château de Pradegg à Sierre. Il était aussi mécène puisqu’il a financé la décoration picturale de l’Aula de Rumine à Lausanne.

Le visage de la jeune femme est orienté de face, son buste est tourné légèrement de trois-quarts. Elle sourit et instaure une complicité avec le peintre que l’on imagine devant elle. Ses yeux brun-vert semblent également sourire au spectateur et son regard, à la fois suave, doux et incisif, manifeste une pointe de malice. Son nez est droit, les sourcils sont bien dessinés et les oreilles cachées par une belle chevelure brune entourant son fin visage. Elle a les cheveux attachés derrière la nuque et partagés par une courte raie centrale. Son front est ample, il dessine avec le menton un ovale presque parfait et d’une grande douceur. Son cou, long et sinueux (presque maniériste), accentue la délicatesse de ses traits. Ses épaules, légèrement tombantes, sont couvertes par une étole de fourrure noire. Son décolleté, lui aussi de forme ovale, est valorisé par un collier de perles blanches. Elle porte un haut gris-brun qui s’accorde avec la tonalité chromatique du grand terrain qui s’élève derrière elle. Un paysage villageois et campagnard agrémenté d’arbres de différents bruns se prolonge en une frise de collines déclinant une harmonie de bleus. On entrevoit une maison avec un large toit à deux pentes, quelques arbres au feuillage vert foncé, d’autres dépouillés de feuilles. Les monts sont surmontés par un ciel vaporeux aux couleurs chaudes d’une fin d’après-midi : indigo, gris-bleu, orange, rose. La figure de Madeleine Mercier-de Loriol se démarque du paysage, mais semble en même temps s’y incorporer.

Les traits de ses yeux, légèrement obliques, trouvent un prolongement dans les pentes des collines ; la jointure de ses lèvres est à la même hauteur que la ligne d’horizon séparant le terrain de l’allée bordée d’arbres ; sa chevelure arrondie semble presque surgir du ciel, comme un astre. Le tableau baigne dans une lumière tamisée et étale. Les rares ombres sont situées autour des yeux, des narines et du cou. Le figure de Madeleine est d’un réalisme presque photographique. Louis Rivier prête une attention particulière à la carnation et chaque détail de son visage est peint avec une grande précision. Les perles du collier, la fourrure et le grain de la peau expriment des sensations tactiles. Les yeux sont perçants et brillent d’une lumière intérieure. La gamme chromatique de ce petit portrait comprend des nuances sobres et atténuées, couleurs poudrées rappelant les tonalités de certains tableaux de Léonard de Vinci. On pense à La Joconde (début XVIe siècle) mais aussi à La Dame à l’hermine (1489) dont la douceur des traits, la forme ovale du visage, la sinuosité du cou, les épaules tombantes et même le détail du collier de perles, se retrouvent dans le portrait de Louis Rivier. Le peintre met en valeur la beauté classique et la grâce atemporelle de son modèle.

Ce portrait ainsi que celui de son époux Georges Mercier ont longtemps été accrochés à Lausanne dans le salon d’une collection particulière. Ces deux tableaux forment une paire qui met en relation et en représentation le couple, en souvenir peut-être du double portrait Federico de Montefeltro et Battista Sforza (1465-1472 Offices, Florence) de Piero della Francesca, aussi une tempera sur bois. Le paysage de collines est le même dans les deux peintures. On reconnaît les maisons et le grand arbre dépouillé. La lumière crépusculaire et les collines contribuent à unifier ces deux compositions.