Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Harpiste
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1946
Description iconographique:

Il s’agit d’une composition allégorique représentant une jeune femme jouant de la harpe. La musicienne est au centre du tableau et l’occupe quasi-totalement. Elle est agenouillée dans un pré, au milieu d’une vallée.

La jeune harpiste porte des cheveux blonds. Elle est habillée d’une tunique claire et d’un long manteau rouge garance ouvert sur le devant. La cape est dotée d’amples manches à la mode médiévale et elle est doublée de fourrure. Le drapé à l’effet sculptural dessine sur le sol une sorte de roue ou d’éventail rappelant le manteau rouge de La Madone au chanoine Van der Paele, œuvre flamande de Jan van Eyck (1434-1436). Un pendentif en forme de croix, fixé à une chaînette dorée orne son cou.

Les doigts de sa main droite pincent les cordes de la harpe, tandis que les autres soutiennent l’instrument. Le bras gauche ainsi levé fait descendre la manche jusqu’au coude. La jeune fille a les lèvres entrouvertes, peut-être accompagne-t-elle sa musique d’un chant ? Son expression est comme absorbée par la musique.

On connait une œuvre de Louis Rivier figurant une Sainte Cécile (1945) sous les traits d’une jeune harpiste jouant sur le parvis d’une église. Dans la Harpiste, l’artiste reprend le même geste des mains, la même pose des bras et le même manteau rouge formant un cercle autour de la figure. A la lumière de cette comparaison, le pendentif en forme de croix porté acquiert une nouvelle signification. Loin d’être un simple bijou, le médaillon devient indice de la véritable identité de ce personnage, devenant, lui aussi, une sainte Cécile.

Des petites fleurs parsèment la portion de pré située devant la musicienne ; on reconnaît entre autres des pâquerettes. La silhouette de la jeune fille se démarque d’une colline à la végétation douce et touffue, traversée par un sentier. Au loin, on entrevoit le sommet triangulaire d’une montagne. Le ciel est brumeux et légèrement orangé.

La gamme chromatique est construite à partir de trois couleurs principales : le rouge, les verts (vert clair, gris-vert, vert amande) et le blanc. Dialoguant étroitement le rouge et le vert accentuent leur complémentarité. Le bleu très clair et voilé du ciel complète la sobre palette. C’est à partir de ces quatre couleurs que Louis Rivier donne vie à la plupart de ses compositions religieuses et profanes représentant une jeune femme (souvent la Vierge Marie ou son épouse Julie) au milieu d’une nature verdoyante. Ces mêmes couleurs sont aussi prédominantes dans les Vierge à l’enfant de Raphaël, qui sont parmi les plus importantes sources d’inspiration de Rivier.

La lumière est étale. Le moment de la journée est imprécis. Les ombres modèlent délicatement les volumes du visage, du cou, des mains de la jeune fille et façonnent les plis des habits.

Le paysage est silencieux. Il n’y a aucune trace de présence humaine. La jeune fille semble ainsi jouer pour la nature qui l’entoure. Le temps est comme suspendu. Les gestes délicats des mains de la musicienne captivent toute l’attention du spectateur. Des sensations auditives se produisent, l’harmonie figurative et l’harmonie musicale jouent de concert.

Sainte Cécile, patronne de la musique sacrée, est une figure très présente dans l’œuvre de Louis Rivier et cela dès le début. Ce tableau reprend aussi le motif des enfants musiciens que le peintre représente de manière constante et cela depuis la frise décorative du temple de Mex (1909).