Il s’agit du portrait, en plan rapproché et de trois-quarts, d’un homme âgé en habits élégants : un vieux notaire, comme le titre l’indique. On raconte que Louis Rivier aurait rencontré dans un train un homme de loi qui lui aurait inspiré ce portrait.

Le visage est légèrement tourné vers la droite, tandis que ses yeux, au regard asymétrique, sont orientés vers la gauche. L’homme porte un béret noir, de forme ronde et aplatie, laissant son ample front complètement dégagé. Son expression est sérieuse et imperturbable. Il a l’air à la fois scrutateur et absorbé. Ses lèvres serrées descendent, d’une manière presque imperceptible : détail qui accentue la gravité de son visage. Cette courbe est redoublée par la forme du nœud papillon rouge garance, d’un tissu souple et léger, qui tombe, lui aussi, vers le bas. Cet accessoire constitue la seule touche de couleur animant les habits. Ceux-ci se composent d’une chemise blanche, d’un gilet marron foncé et d’une veste beige au col de fourrure.

Rivier prête une attention particulière au rendu des matières et des textures, transmettant ainsi des sensations tactiles : la souplesse du nœud, la douceur de la fourrure, la rigidité du béret.

L’incarnat, quant à lui, touche l’hyperréalisme. On remarque chaque ride creusant les joues et le front, les veines enflées à côté du sourcil gauche, celle traversant la joue illuminée, une légère rougeur sur la pointe de l’oreille, le pointillisme gris signalant la barbe rasée, chaque poil des sourcils. On devine aussi la texture épaisse des courts cheveux apparaissant sous le béret.

L’homme se démarque d’un fond neutre et foncé mettant en évidence sa peau rose, à peine orangée. Le modèle se tient droit et immobile, d’une présence statuaire.

Le portrait baigne dans une lumière chaude et vive, provenant de gauche. On remarque la présence de quelques ombres portées : notamment celle de la nuque se projetant sur le col de la veste et celle du revers de la veste obscurcissant la chemise.

La gamme chromatique est sobre, dominée par un dégradé de marrons, de beige, de blancs et de noirs, et rehaussée par le rouge garance du nœud. La précision des détails est contrebalancée par la sobriété du décor (l’espace est abstrait et indéfini). Cette méticulosité dans le rendu de la carnation et des matières, mais aussi la présence du fond neutre, le choix du plan rapproché et la gravité émanant du portrait, sont des éléments typiques de l’art du portrait flamand dont Rivier s’inspire très certainement.