Il s’agit d’une composition religieuse représentant la rencontre entre Jésus avec une habitante de la Samarie. L’épisode biblique est raconté ainsi : « La Samaritaine lui dit : « Comment ! Toi, un Juif, tu me demandes à boire, à moi, une Samaritaine ? » – En effet, les Juifs ne fréquentent pas les Samaritains. Jésus lui répondit : « Si tu savais le don de Dieu et qui est celui qui te dit : “Donne-moi à boire”, c’est toi qui lui aurais demandé, et il t’aurait donné de l’eau vive ». (Jean 4, 10-11).

Dans l’illustration de Louis Rivier, Jésus est assis aux pieds d’un puits et parle à une jeune femme. Celle-ci maintient en équilibre une jarre sur la tête et, avec son autre bras, un seau sur le rebord du puit. Jésus la regarde et, selon l’iconographie traditionnelle, fait le geste de lever l’index, comme s’il voulait la mettre en garde. La jeune femme est habillée d’une robe orange vif, d’un tablier clair et d’un corset doté d’un large décolleté. Le sommet de sa tête est recouvert d’un voile et son cou est orné d’un collier. Elle est pieds nus. L’élégance du corset et des bijoux contraste avec la nudité de ses pieds et avec la tâche qu’elle accomplit. Jésus est, quant à lui, habillé d’une tunique blanche ; un tissu (un manteau ?) rose au drapé abondant recouvre ses jambes.

A l’arrière-plan, à gauche, on découvre la vie du village : des gens discutant entre eux devant les façades colorées de plusieurs habitations. A droite, le paysage est collinaire. Au loin, des reliefs bleutés dessinés en perspective aérienne se chevauchent.

Le puits est au centre d’une petite esplanade de terre claire délimitée par deux buissons qui accentuent la centralité. Il est rond et prend place au milieu d’une base de forme géométrique, vraisemblablement octogonale.

Le ciel est très clair, à peine voilé d’orange. La journée est ensoleillée et la lumière étale. Quelques ombres portées viennent rythmer la composition. On remarque en particulier celle du puits, celle des pieds de la Samaritaine et celles des gens discutant à l’arrière-plan. D’autres ombres façonnent les plis des habits conférant aux tissus un aspect sculptural.

Contrairement au paysage, dessiné de manière réaliste et avec une attention particulière portée aux détails naturels et architecturaux, les deux protagonistes sont représentés de manière stylisée. La silhouette de la samaritaine, en particulier, semble faire corps avec le fond. Elle a une apparence bidimensionnelle, malgré les rondeurs des membres que les ombres suggèrent. La pose de Jésus est moins figée mais ses traits physionomiques sont également génériques. Les personnages sont au service d’un récit mis en scène de manière pédagogique.

La gamme chromatique est riche ; les couleurs chaudes alternent avec les froides et composent une mosaïque de teintes pastels : vert amande, vert foncé, orange, rose, ocre, saumon, bleu clair, bleu-gris et beige.

Louis Rivier focalise son attention sur les aspects narratifs et organise les différents éléments iconographiques de manière théâtrale : la scène s’ouvre sur un espace circulaire où se déroule la scène principale se détachant d’un cadre architectural et paysager dessiné en perspective.

Jésus et la Samaritaine fait partie d’une série de 60 illustrations dessinées, consacrées à la représentation d’épisodes bibliques.