Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Portrait de Léo-Paul Robert
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1925
Description iconographique:

Ce portrait posthume, en plan rapproché, représente le peintre Léo-Paul Robert (1851-1923). Le visage est de trois-quarts, le regard, rêveur, est orienté légèrement vers le haut et vers la droite, tandis que le buste est de face. Les bras sont pliés et les coudes sortent du cadre. Les doigts fuselés de la main gauche tiennent délicatement un oiseau (probablement un geai) et la main droite serre un pinceau dont on ne voit que le manche. Léo-Paul Robert est habillé d’une ample blouse de peintre ouverte sur le devant qui laisse entrevoir le col d’une chemise blanche et un nœud papillon noir. Les ombres façonnent les plis de la blouse et soulignent ainsi son drapé volumineux. Le peintre a les cheveux bouclés et grisonnants, il porte une barbiche taillée en pointe. Son nez est droit et la peau de son visage est lisse, sa bouche est entrouverte. A la hauteur de sa tempe droite, une créature angélique s’approche de lui en effleurant ses cheveux. Cette figure allégorique dotée d’ailes représente l’Inspiration. Elle porte une tunique sans manches, joue d’un instrument à cordes (un luth ou un violon) et semble insuffler la douceur d’une mélodie dans l’oreille du peintre.

Le peintre et sa muse ailée se démarquent d’un arrière-plan constitué d’un pré fleuri traversé par un sentier, d'un bosquet de sapins et d’un ciel animé par quelques nuages.

Ce tableau est lumineux, d'un lumière étale et quasi irréelle, très coloré aussi: vert prairie, vert clair, rouge, jaune. gris, blanc noir, bleu azur (la tête de l'oiseau), vert foncé.

On sait que Léo-Paul Robert était particulièrement attentif à la nature, ce qui pourrait être symbolisé par l’oiseau et par le paysage foisonnant de fleurs. Mais ce tableau est avant tout un clin d’œil à une œuvre de Paul Robert lui-même : un portrait symbolique (1874) représentant un ange féminin, que l’on pourrait identifier comme une muse, rendant visite au peintre Charles Gleyre. Ce dernier est assis dans un pré, entouré d’une nature opulente, il tient une grande feuille sur ses jambes et un crayon dans sa main.

Dans le tableau de Louis Rivier, la jeune musicienne rappelle certaines figures éthérées de l’Art Nouveau. Le sujet du « petit musicien » (jeune fille ou jeune garçon jouant d’un instrument : violoncelle, violon, luth, harpe ou orgue) ainsi que sainte Cécile, patronne des musiciens, sont des figures récurrentes dans l’œuvre de l’artiste. Le paysage, à l’arrière-plan, trouve un parallèle figuratif dans le symbolisme : le pré est d’une beauté stylisée, les semis de fleurs et les arbres, aux contours nets et réguliers, sont une idéalisation de la réalité.

Ces influences se superposent au réalisme du portrait de Paul Robert, dont les détails du visage ainsi que le rendu de la carnation, atteignent des résultats presque photographiques.

Avec ce portrait, le peintre rend hommage à Paul Robert qui fut sa référence et son modèle artistique et spirituel. Le jeune Louis Rivier visita plusieurs fois son atelier et, il publia en 1927, une monographie commandée par les éditeurs Delachaux et Niestlé, à l’instigation de la famille de Léo-Paul Robert.