Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Sainte Cécile
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1927
Description iconographique:

Il s’agit d’une grande composition allégorique représentant sainte Cécile, protectrice des musiciens et des chanteurs. La sainte se trouve au centre du tableau. Elle est agenouillée dans un pré et joue de la harpe.

La jeune musicienne est habillée d’une tunique claire et d’un long manteau rouge garance doublé de fourrure, ouvert sur le devant et doté d’amples manches, à la mode médiévale. Son bras gauche, levé et plié, est découvert car la manche a glissé vers l’épaule. Le drapé à l’effet sculptural dessine sur le sol une sorte d’éventail rappelant le manteau rouge de La Madone au chanoine Van der Paele, œuvre flamande de Jan van Eyck (1434-1436).

Les doigts des mains pincent les cordes de la harpe, posée au sol. La musicienne a les lèvres entrouvertes, peut-être accompagne-t-elle sa musique d’un chant ? Elle est jeune, son expression est sereine et comme absorbée par la musique. Elle a les cheveux blonds et bouclés, coupés assez courts.

A gauche, sur un petit pont en pierre se rassemble un groupe de paysans : une jeune femme tenant un bébé dans les bras, une deuxième femme accompagnant deux enfants, un homme habillé d’une ample veste marron et, derrière lui, une troisième femme plus âgée. Ces personnes semblent attirées par la musique et accourent pour l’observer de près. Sur la droite, Rivier peint un deuxième groupe de badauds qui se tiennent debout, derrière un large buisson sec. Parmi tous ces personnages, on remarque en particulier un jeune homme jouant du luth et un vieillard avec une longue barbe grise et un bonnet noir. A l’arrière-plan tout à droite, un homme tenant un violon par le manche, porte des lunettes rondes, détail anachronique avec les vêtements des villageois qui sont de l’époque de Rivier et non accordés à la mode médiévale de la musicienne. Rivier aime inscrire des décalages temporels dans les scènes religieuses et allégoriques. Il trouble la temporalité et en joue.

La parcelle de pré où sainte Cécile joue est comme délimitée, d’une manière discrète, par une bande de terre très étroite courant du pont au buisson dépouillé. Cette « séparation » marque davantage la division entre l’univers « céleste» de la sainte et celui « mondain » des paysans et des villageois. De plus, la taille de sainte Cécile est beaucoup plus grande que celle de tous ses spectateurs. Les règles de la perspective se plient ici à des exigences symboliques.

A l’arrière-plan, le paysage est verdoyant et se compose de deux collines formant une vallée. Tout au loin, on aperçoit le Grand-Pont de Lausanne et la Cathédrale Notre-Dame de la même ville, éléments architecturaux appartenant à son environnement familier. Dans cette église, Rivier va réaliser de nombreuses verrières.

Au sommet de la colline de gauche, est bâti un village composé de différents édifices et d’une église dont le clocher est bien visible dans le ciel clair. Chaque bâtiment se caractérise par une toiture différente : un toit en pente, un toit à la Mansart, un toit, un toit à croupes, etc. Cela diversifie le pastiche architectural et paysager que compose Rivier avec astuce et un certain jeu. A droite d’autres habitations assurent la symétrie et la centralité de la composition.

Le pré est parsemé de petites fleurs des champs, jaunes et blanches. A l’arrière-plan s’élèvent quelques arbres dont un à la cime verte, un autre orange, typiquement automnale, et cinq ou six dépouillés. La saison est indéterminée : ni les habits des personnages, ni les couleurs de la végétation indiquent une période précise de l’année.

Le ciel est bleu clair traversé par quelques petits nuages blancs, dont un surmontant la cathédrale.

Bien que certains éléments naturalistes soient peints avec minutie, cette peinture de Louis Rivier est davantage symbolique. Les traits physionomiques des personnages, leurs poses et attitudes sont génériques. Sainte Cécile est, quant à elle, d’une beauté idéalisée et atemporelle.

La composition baigne dans une lumière claire et vive ; seule la partie gauche est légèrement assombrie. La lumière provient de la droite. La gamme chromatique, construite autour de trois couleurs dominantes, le rouge, le vert et le bleu, est néanmoins riche et variée grâce aux nombreuses nuances employées : rouge garance, bordeaux, rouge brique, orange, ocre, jaune, vert clair, vert pistache, parmi les principales.

Sainte Cécile est une figure très présente dans l’œuvre de Louis Rivier et cela dès les plus jeunes années. Elle reprend aussi le motif des enfants musiciens que le peintre représente de manière constante et cela depuis la frise décorative du temple de Mex (1909.