Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Crucifixion
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
Date de création inconnue
Description iconographique:

Il s’agit d’une composition religieuse représentant la Crucifixion de Jésus. La croix est au centre du tableau, à ses pieds se disposent les personnages principaux : au premier plan, Marie est accroupie, soutenue par saint Jean. Elle tourne la tête en direction de son fils et le disciple la regarde, l’air affligé. Elle est habillée d’une robe bleue et d’un grand voile blanc, le saint porte des vêtements rose. Près de la croix, sur la droite, deux hommes se tiennent debout, leurs gestes manifestent de la tristesse et de la stupeur en même temps. L’un d’eux est probablement Joseph d’Arimathie ou Nicodème. L’un est habillé d’une veste rouge doublée de fourrure et l’autre d’un long manteau noir boutonné sur le devant rappelant l’habit moderne des prêtres. Cet homme a une longue barbe à l’aspect cotonneux.

D’une part et d’autre de la composition, dessinés en perspective, sont posés deux grands blocs de pierre claire. A gauche, une femme y pose ses coudes en cachant son visage avec les mains : il s’agit sans doute de Marie Madeleine pleurant la mort du Christ. A droite, assis avec relâchement, un centurion regarde tristement en direction de la croix, comme s’il regrettait d’avoir pris part aux évènements. Sur la face frontale de la pierre de droite, Louis Rivier écrit la référence biblique qui lui sert d’inspiration pour la représentation de cet épisode « Marc XV 37 » (dont le verset est le suivant : « Mais Jésus, ayant poussé un grand cri, expira »). L’inscription semble gravée dans la pierre et produit un trompe-l’œil.

Le corps de Jésus est, selon l’iconographie traditionnelle, mince et pâle, recouvert d’un simple perizonium noué autour des hanches. La tête, exsangue, entourée d’une couronne d’épines, penche sur l’épaule. Les cheveux longs et bouclés effleurent la poitrine. Il n’y a aucune trace de la blessure sur le côté ni de stigmates aux pieds. Une inscription figure sur la traverse horizontale de la croix: JESUS REX JUDAEORUM, en trois langues.

La croix est fichée sur une butte figurant le Golgotha. Au deuxième plan, on voit s’éloigner dans une perspective une multitude de personnages. Sur la gauche, on découvre un estropié, deux figures masculines se tournant une dernière fois en direction du Christ et un troisième personnage, l’air effrayé, levant ses bras au ciel. Un centurion à cheval est représenté de dos. La scène de la Passion semble se dérouler dans un décor du Moyen Age.

D’autres personnages sont dessinés en miniature : des paysans rentrent chez eux après avoir assisté à la crucifixion. Au loin, se dessinent un village à l’architecture mêlant différentes temporalités et quelques arbres dépouillés.

Sur la droite, les silhouettes des deux hommes debout et quelques paysans se démarquent d’un paysage verdoyant traversé par une rivière sinueuse. La luxuriance de la prairie au loin est contrebalancée par l’aridité des arbustes situés à l’extrémité droite dont les branches sèches sont clairement un symbole de mort. L’arbre dépouillé est effectivement un motif iconographique récurrent dans l’œuvre de Rivier, souvent associé à la finitude.

Partiellement cachés par la végétation aride, on observe une habitation et quelques villageois. Tout au loin une longue colline brune ferme partiellement le paysage. Derrière elle, se profilent les cimes d’une chaîne de montagnes bleutées tracées en perspective aérienne. A droite, la rivière se jette dans un lac. Le ciel est clair, nuageux au-dessus de l’arbre dépouillé de droite.

Les personnages du premier plan, tournés vers eux-mêmes ou vers la croix, semblent émus par la tristesse. Tandis que les personnages à l’arrière-plan semblent davantage effrayés.

Dans cette composition, Louis Rivier associe donc la peur, la douleur et le choc subis par la population. Les proches de Jésus sont, quant à eux, complètement absorbés par le chagrin.

La gamme chromatique générale est constituée de couleurs chaudes (rose, rouge, rouge garance et bordeaux) et de teintes plus terriennes (marron, beige). Le vert clair brillant de la prairie illumine le côté droit et captive le regard du spectateur. Les bleus estompés du ciel et des montagnes sont teintés de rose. La lumière est étale et légèrement rosée.

L’atmosphère dramatique générale est contrebalancée par la richesse des détails et des micro-scènes. Chaque groupe de personnages constitue presque une entité figurative tout en étant en relation avec les autres. Cela peut rappeler certaines œuvres de Pieter Brueghel. On connait l’amour de Louis Rivier pour la peinture flamande. Le regard se déplace ainsi d’un côté et de l’autre du tableau ; ce mouvement est motivé par l’animation gestuelle et les nombreux champs d’actions de la composition.

Cependant, par un effet de contraste, l’immobilité et la frontalité du corps mort ainsi que la verticalité et la centralité de la croix ramènent le spectateur à la silencieuse présence du Christ.