Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Décoration murale du temple de Denezy
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1925
Description iconographique:

Cet ensemble de peintures murales accompagné d’un vitrail a été réalisé par Louis Rivier dans le chœur du temple de Denezy, dans le canton de Vaud. Richard Heyd en donne une description iconographique : « Sur l’un des côtés, il peint le Christ et les enfants, sur l’autre la femme adultère, et sur le mur du fond, de chaque côté de la fenêtre à meneaux qui en occupe le centre, les saintes femmes en pleurs, prostrées au pied de la croix ». (Richard HEYD. 1943. Rivier, Neuchâtel et Paris : Editions Delachaux et Niestlé, p. 92).

Dans la peinture murale représentant la rencontre entre Jésus et la femme adultère, Louis Rivier peint une jeune femme accroupie, une jambe posée au sol, l’autre pliée, tendant sa main vers le Christ. La femme appuie son visage sur le genou gauche, elle a les yeux fermés, ses cheveux sont blonds et bouclés. Elle est habillée d’une tunique rouge garance et blanche, laissant découverte une épaule, selon la mode antique.

Jésus est de dos, le buste penché vers la droite. Il écarte les bras en prenant avec sa main gauche celle de la jeune femme et en lui indiquant avec l’autre un groupe de personnes s’éloignant. Il est habillé d’une tunique rouge et d’une longue cape blanche. Sa tête est entourée d’une auréole décorée d’une croix. Jésus est assis sur un bas muret de pierre blanche.

Sur la droite, le groupe de personnes indiqué par Jésus est constitué de trois hommes coiffés de turbans et portant tous des vêtements aux drapés amples, abondants et colorés : rose, jaune ocre, bleu, rouge. On entrevoit seulement le visage d’un des trois hommes, celui tourné de trois-quarts. Son regard est adressé à son voisin avec qui il semble discuter. Les deux autres sont représentés de dos.

Sur la gauche, se tiennent plusieurs autres figures masculines. Hormis la « femme adultère », le public est effectivement constitué de seuls hommes. Il s’agit de scribes et de pharisiens venus demander l’avis de Jésus concernant l’adultère de la jeune femme et sa lapidation. Osera-t-il ne pas appliquer la Loi de Moïse et pardonner la pécheresse ? se demandent-ils. Jésus trouve la manière de ne pas répondre directement à la question et de retourner la situation en demandant aux accusateurs : « Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre contre elle ». Dans la scène peinte par Rivier, les scribes et les pharisiens semblent attendre la réponse de Jésus. En effet leurs gestes et leurs postures manifestent une certaine excitation : des échanges de regards et de paroles, des expressions perplexes, des dos courbés, des doigts et des yeux pointés en direction de la femme et de Jésus.

Le paysage est minimaliste, réduit à l’essentiel : un sol de terre claire sur lequel se projettent les ombres portées des figures ; un ciel blanc aux nuances bleues ; une atmosphère qui annonce, ou qui suit, un orage ; des cumulus voilant le ciel avec leurs masses volumineuses et blanches. A l’horizon, une étendue bleue symbolise peut-être la présence d’un lac.

La lumière est vive et étale. Les ombres façonnent les plis des habits d’une manière bien définie. Cela accentue leurs caractère « sculptural ».

Dans une seconde peinture murale, Louis Rivier représente la rencontre entre Jésus et les enfants, épisode raconté par les évangélistes Mathieu, Luc et Marc.

Louis Rivier organise la scène en deux groupes principaux avec Jésus, non pas au centre, mais décalé légèrement sur la droite, comme dans l’épisode de la femme adultère. Sur la gauche, des hommes et des femmes se tiennent debout et regardent en direction du Christ. Parmi eux, on voit quelques enfants, dont un bébé dans les bras de sa mère. Une fillette, l’air craintif, est exhortée par trois femmes à rejoindre Jésus. Elle porte sa main à la bouche dans un geste tendre exprimant sa timidité. Jésus l’accueille en lui tendant son bras et, en même temps, il se tourne vers le groupe d’hommes situé derrière lui. Ces derniers manifestent leur désapprobation en gesticulant avec les bras et les mains : les paumes vers l’avant, ou vers le haut, la tête tournée de côté comme pour refuser une évidence.

La composition baigne dans une lumière vive et étale. On remarque les ombres portées des personnages, projetant leurs silhouettes au sol, et celles façonnant les plis des habits. La gamme chromatique est riche et variée : bleu, bleu clair, ocre, jaune, orange, rose et rouge garance. Le paysage est très similaire à celui de l’épisode précédent : un terrain clair, un ciel lumineux et nuageux. Cependant, ici, quelques zones bleues parmi les cumulus symbolisent, peut-être, la nature plus légère et sereine de cet épisode.

Sur le mur du fond et, en particulier, de chaque côté de la fenêtre à meneaux qui en occupe le centre, Rivier peint les saintes femmes en pleurs et prostrées au pied de la croix. L’une d’elles est Marie Madeleine. On la reconnait grâce à sa longue chevelure tombant de chaque côté de son buste, jusqu’au sol. Elle est agenouillée, les mains jointes et serrées entre ses cuisses, la tête légèrement penchée vers sa gauche. Elle a la bouche entrouverte, l’air triste et le regard lointain. A ses pieds, on distingue quelques branches sèches symbolisant la finitude. Une deuxième femme, identifiée comme Marie est assise à même le sol, la main droite posée par terre et l’autre soutenant son visage dans un geste de désespoir. Elle porte une longue tunique blanche et un voile bleu. Ses cheveux châtains tombent sur sa poitrine. Derrière elle, s’élève un arbre dépouillé.

Les traits physionomiques de ces femmes sont génériques et stylisés. Rivier met l’accent sur les aspects narratifs traduisant l’atmosphère chorale des scènes représentées ; le rendu psychologique de chaque personnage est ainsi oblitéré. L’éclectisme des vêtements (orientaux, antiques et plus modernes) imbrique différentes époques. De même le paysage est composite avec l’aridité qui peut signaler la Palestine et les collines qui évoquent la campagne vaudoise. On sait que certaines figures peintes ont les traits de contemporains de Rivier. Ainsi le message chrétien est-il vivant en tous temps et en tous lieux. La clarté iconographique et formelle prime sur la volonté de réalisme et le peintre restitue aux fidèles une image simple, reconnaissable, instructive et émouvante des épisodes bibliques.

L’ensemble de la décoration se compose encore d’un vitrail réalisé à Lausanne par l’atelier Guignard et Schmidt représentant le Semeur, thème récurrent chez Louis Rivier (Bretonnières, 1922). L’artiste associe le bleu qui évoque les vitraux de la cathédrale de Chartres au jaune qui rappelle les icônes et les peintures des primitifs italiens. Traversant les deux lancettes de la fenêtre (composition jugée moderne à l’époque), le Semeur marche dans le vent en diffusant la vie et la parole divine. A cette parabole s’ajoute une Crucifixion qui symbolise le sacrifice du Fils de Dieu. La tête du Christ se situe dans l'oculus du vitrail alors que la poutre verticale de la croix est évoquée par la partition de la fenêtre. Les extrémités de la croix se prolongent sur le mur, en peinture. Rivier entrelace donc ici architecture, vitrail et peinture dans une synthèse très originale. De part et d’autre, se trouvent les deux figures féminines de Marie Madeleine et de Marie décrites ci-dessus.