Ce vitrail réalisé par Louis Rivier fait partie du programme décoratif du temple de Denezy, dans le canton de Vaud en Suisse.
L’artiste représente la parabole du Semeur : un homme jette des graines au sol, certaines tombent sur des roches et leur semence est donc perdue ; d’autres tombent dans de la bonne terre et promettent une fructueuse récolte. Ce vitrail qui représente la vie sans cesse en train d’advenir est complété dans son oculus par la tête du Crucifié, symbole de mort. La poutre verticale de la croix est évoquée par la partition de la fenêtre. Les extrémités de la croix se prolongent sur le mur, en peinture par les représentations de Marie Madeleine et de Marie en pleurs. Rivier entrelace donc ici architecture, vitrail et peinture dans une synthèse très originale.
Le vitrail s’insère dans une fenêtre à meneaux, polylobée. Le Semeur traverse les deux lancettes dans une composition jugée moderne à l’époque et que l’on retrouve dans les vitraux de Jozef Mehoffer, à la cathédrale de Fribourg.
Le corps athlétique et musclé du Christ Semeur est animé d’un vif mouvement. Le vent semble souffler. Le visage est de profil et le buste penche vers l’arrière ; il s’apprête à jeter des grains au sol. Malgré la légèreté des semences, cette action manifeste une certaine force, comme si Rivier amplifiait la posture pour en souligner le geste vigoureux. Le basculement du corps vers l’arrière est aussi souligné par la cape et les cheveux agités par le vent. Tout autour, des oiseaux volent avec leurs ailes déployées en plusieurs directions, accentuant davantage le mouvement tourbillonnant des airs.
Le sol est un assemblage de formes coniques, rondes et triangulaires formant un terrain caillouteux multicolore.
Le ciel est jaune, nuancé d’orange, comme lors d’un coucher de soleil. La gamme chromatique est dominée par les trois couleurs primaires : bleu (qui rappelle les vitraux de la cathédrale de Chartres, jaune (qui évoque les ors des fonds de la peinture des primitifs italiens) et le rouge. Combinées et juxtaposées entre elles, les pièces de verre génèrent une lumière chaude, orangée. L’atmosphère est surréelle et mystique. Ce vitrail, dans l’ensemble de sa composition et de ses couleurs rythmées, affirme un grand dynamisme.
Sur le plan technique, ce vitrail, réalisé par l’atelier Guignard et Schmidt à Lausanne (le même atelier qui réalisera les vitraux de la cathédrale de Lausanne), combine deux effets même si la verrière est composée majoritairement de verres teintés dans la masse. Le visage du Semeur, les bras et les jambes sont modelés avec réalisme telle une peinture tandis que le fond occupé par les oiseaux et le sol caillouteux sont traités de manière plus stylisée, s’approchant ainsi d’un effet de mosaïque obtenue par la juxtaposition de morceaux de verre colorés.
Le programme décoratif du Temple de Denezy comprend ce vitrail et des peintures murales représentant Jésus et la femme adultère ; Jésus et les enfants ; Marie Madeleine et Marie prostrées.