Ce vitrail réalisé par Louis Rivier représente la rencontre entre Jésus et la Samaritaine sous le regard de Dieu le Père. Ce thème se retrouve dans les temples vaudois de Romanel, Bettens et Penthalaz.

Jésus et la Samaritaine figurent chacun dans une des deux lancettes trilobées de la fenêtre à remplage flamboyant (restauration menée par Otto Schmid en 1918-1919) située dans l’abside du temple de Morrens.

Dans l’oculus central, on distingue Dieu le Père au regard baissé ; dans les autres remplages, sont représentés ses bras et ses mains.

La Samaritaine, à gauche, se tient près d’un puits. Sa main droite est posée sur une cruche, tandis que l’autre main dont le bras est appuyé sur la jarre, maintient son voile sous le cou. Elle semble triste et pensive, détourne la tête vers sa droite. Sous sa longue jupe, on devine la courbe d’une jambe, légèrement pliée et croisée sur l’autre. Elle chausse des sandales ; sa tête est recouverte d’un voile et ses épaules d’un châle au tissu richement décoré.

Jésus est assis sur le rebord du puits. Son visage est de profil, orienté en direction de la Samaritaine. Il écarte ses bras comme s’il était en train de lui parler ou de lui expliquer quelque chose. Il porte des habits très colorés, ornés de motifs géométriques. Sa tête est entourée d’une auréole.

La gamme chromatique du vitrail est dominée par le rouge, le rose, le bleu, le jaune et le violet déclinés en plusieurs nuances. Combinées et juxtaposées entre elles, les pièces de verre génèrent une lumière vive et un mouvement lumineux.

Les motifs géométriques intègrent les éléments réels, tels que les pierres du puits et les drapés des vêtements. Ceux-ci, avec leurs ornements, participent à cette foison de formes et de couleurs. La vivacité des couleurs et la richesse des détails contrastent avec la gravité exprimée par les trois visages. La posture de Jésus et celle de la Samaritaine, contrairement à leurs traits physionomiques stylisés, sont réalistes. On pense notamment au relâchement exprimant une certaine lassitude du corps de la femme, mais aussi à la position assise et nonchalante de Jésus : sur le rebord du puits avec une jambe qui pend dans le vide. Cette impression de réalisme contraste avec l’arrière-plan composé de motifs décoratifs.

La figure de Dieu le Père s’affiche comme une icône : immobile et bidimensionnelle.

Tous ces éléments de contraste, combinés entre eux, procurent une atmosphère à la fois réelle et mystique.

L’effet de mosaïque de cette verrière ainsi que la dominante des bleus comme dans la cathédrale de Chartres qui sera un modèle pour Rivier, anticipe les vitraux que l’artiste concevra pour la cathédrale de Lausanne. Le style préraphaélite se retrouve dans l’abondance et la préciosité des motifs décoratifs.