Ce dessin est une étude d’Abraham, l’un des patriarches figurant dans la décoration de l’Aula du Palais de Rumine, à Lausanne, projet qui occupe le peintre pendant plusieurs années, de 1915, début officiel des travaux, à 1923.

Dans ce dessin, Abraham est tourné de profil, vers la gauche. Son pied droit est posé au sol, le talon de l’autre est soulevé : il est en train d’avancer en marchant droit devant lui. Il serre un bâton dans sa main. Sa tête est coiffée d’un turban, avec une calotte centrale de forme conique et un foulard tombant sur les épaules. Selon l’iconographie traditionnelle, ses traits physionomiques sont ceux d’un homme âgé. On remarque les nombreuses rides creusant sa peau. Il porte une longue barbe aux poils bouclés. Ses sourcils sont touffus, son expression sérieuse, et son nez aquilin est prononcé.

Sa silhouette génère une petite ombre au sol, entre ses pieds. Le visage est dessiné avec une grande minutie. Le drapé est, quant à lui, plus figé et a une apparence sculpturale. Les ombres façonnant les plis du vêtement et du turban sont définies avec précision. Les volumes, ainsi modelés, confèrent au personnage une forte présence et une impression de solidité. Solidité et non pas statisme, car la posture « en action » et légèrement déséquilibrée à cause du talon gauche soulevé, procure un effet de mouvement.

La spécificité du moyen technique employé ici, la mine de plomb, permet un haut niveau de précision. Cette étude révèle l’intérêt soutenu de Rivier pour le rendu réaliste des personnages représentés et elle jouit aussi d’une véritable autonomie esthétique.