Ce dessin est une étude pour l’apôtre Paul destiné à la décoration de l’Aula du Palais de Rumine, à Lausanne : projet qui occupe le peintre pendant plusieurs années, de 1915, début officiel des travaux, à 1923.

Dans ce dessin, Paul est représenté de profil gauche. Ses mains, grandes et musclées, tiennent un livre ouvert que ses yeux ne regardent pas : l’apôtre fixe quelque chose hors champ, situé devant lui. Son nez aquilin est prononcé. Son visage est traversé par de profondes rides, surtout au niveau du front et des joues. Ces plis confèrent au saint un air tendu, comme s’il fronçait les sourcils et plissait les lèvres. Son expression est sérieuse, accentuée par la courbe que ses lèvres serrées dessinent. Les orteils du pied gauche sortent à peine de sa tunique. Sa chevelure couvre ses oreilles. Son dos est légèrement voûté et son cou se tend vers l’avant. Son ample tunique au drapé abondant confère une sensation de solidité au corps du saint. Sa posture parfaitement de profil et son attitude impassible, accentuent cette impression de solidité, physique et morale, qui se dégage de l’apôtre. L’orientation du visage rappelle le style des médailles anciennes. Le statisme caractérisant cette étude donne à la figure une apparence statuaire, renforcée par l’aspect figé du drapé.

Le visage et les mains sont dessinés avec une grande minutie. Des mains, on remarque les veines et les articulations. Les cheveux sont esquissés d’une manière libre. La chevelure prend vie d’un ensemble de hachures entrecroisées formant une sorte de filet. Quelques traits plus épais et arrondis décrivent les mèches. Les ombres façonnant les plis du vêtement sont définies avec précision.

La spécificité du moyen technique employé ici, la mine de plomb, permet un haut niveau de précision. Cette étude révèle l’intérêt soutenu de Rivier pour les personnages et leur posture ; elle jouit d’une véritable autonomie esthétique.