Ce dessin est une étude pour Apollon destiné à la décoration de l’Aula du Palais de Rumine, à Lausanne, projet qui occupe le peintre pendant plusieurs années, de 1915, début officiel des travaux, à 1923.

Apollon figure dans la composition allégorique célébrant « Les Arts » : peinture murale située sur une paroi arquée, orientée au sud. Rivier réserve au dieu de la poésie une place prépondérante : il est au centre, accompagné des neuf muses.

Dans ce dessin, Apollon est assis, les jambes légèrement écartées. Il entoure une lyre de son bras gauche ; le pouce de l’autre main est dirigé vers le ciel et l’index vers l’avant, comme s’il s’apprêtait à pincer l’instrument. Il sourit. Son visage est de trois-quarts ; ses yeux légèrement baissés regardent dans le vide. Son expression songeuse est un brin naïve. Visage et buste ont une apparence statuaire. Sa peau, lisse, semble polie. Cet Apollon aux cheveux bouclés dans lesquels s’entrecroisent une couronne de laurier est d’une beauté idéalisée, ses traits physionomiques sont génériques et sa posture statique. Un tissu le recouvre de la taille jusqu’aux chevilles ; son torse est nu, comme ses pieds. Le tissu est traversé par de nombreux plis ; dessinés d’une manière réaliste, ils modèlent les volumes du drapé. L’étoffe procure des sensations tactiles, on devine sa souplesse et sa légèreté.

Les ombres façonnant les plis du vêtement et décrivant les muscles et les volumes du torse et du cou sont définies avec précision.

La spécificité du moyen technique employé ici, la mine de plomb, permet un haut niveau de précision et de finition. Cette étude révèle l’intérêt soutenu de Rivier pour la caractérisation des personnages et elle jouit d’une véritable autonomie esthétique.