Il s’agit d’un portrait en plan rapproché de Julie (née de Rham), épouse du peintre. Le visage de la jeune femme est orienté légèrement de trois-quarts. Ses yeux sourient au spectateur et semblent manifester une pointe de malice. Elle instaure peut-être aussi une complicité avec le peintre que l’on imagine devant elle. Sa joue gauche est dans l’ombre, la droite est au centre du tableau et captive l’attention grâce à sa carnation rosée. Son oreille droite est partiellement cachée par une mèche de cheveux noués en chignon et partagés par une raie. Leur couleur, très foncée, se confond avec le fond. Le visage lumineux de la jeune femme émerge de cette obscurité comme une apparition douce, sensuelle et tendre.

Julie porte autour du cou un collier orné d’un médaillon-pendentif dont la moitié est coupée par le cadrage. Ce bijou, véritable attribut de Julie, est de forme ovale, serti d’or avec trois pierres précieuses incrustées. Selon le récit familial, Julie a reçu ce médaillon de sa mère qui l’avait elle-même reçu de sa mère, Virginia Robert née Imer qui le tenait de sa mère Rose Imer de Gélieu. Il provient du roi de Prusse Frédéric-Guillaume III qui l’avait offert à Salomé de Gélieu, préceptrice de Louise, reine de Prusse, son épouse. Ce bijou est régulièrement représenté par Louis Rivier dans les portraits qu’il fait de sa femme.

L’ensemble de la composition semble régie par un enchâssement de formes circulaires : le col en fourrure de la veste, le décolleté de la robe, le collier, le cou, le visage rond de Julie. L’attention portée aux détails du visage et à l’incarnat est complémentaire à une atmosphère d’atemporalité qui rend la figure de Julie autant spirituelle que charnelle. Les couleurs sombres du fond abstrait, la tonalité estompée de rouge, rose, beige, marron, noir, la lumière tamisée, le plan rapproché, le rendu de la l’incarnat et le réalisme rappellent les portraits des maîtres flamands.