Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Pollaiolo
Mots-clés iconographie
Titre:
Portrait de jeune femme (Julie)
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1913
Description iconographique:

Il s’agit d’un des premiers tableaux représentant Julie (née de Rham), épouse du peintre. Louis Rivier et Julie se sont mariés en 1911. La jeune femme est vue de profil. Elle est assise, le buste bien droit, les mains croisées et posées sur une table, juste devant elle. Elle porte son alliance à l’annulaire gauche et sa bague de fiançailles avec trois perles à l’annulaire droit. Cette bague se trouve déjà dans le dessin Julie (1912), dans Jeune femme à la prairie (1917) et jusque dans le Portrait de Julie au manteau de fourrure (1943).

Le regard de Julie semble absorbé par une pensée qui l’éloigne de la contingence du réel. Tout son être, parfaitement immobile, est tourné en intériorité, dans une intense et consciente présence à soi.

Julie porte un habit rouge orné de dentelles au cou, sur l’épaule et la manche. La carnation de son visage, ainsi que ses mains et ses cheveux sont d’un grand réalisme. Louis Rivier peint avec précision chaque cheveu noué en chignon retenu par des peignes, l’épiderme des joues, la texture des cils et sourcils et les nuances roses des ongles. Les différentes textures sont traitées avec réalisme : le bois des cadres et de la chaise, le velours et les dentelles.

Julie se tient à l’intérieur d’une pièce tapissée en vert. Son corps est comme encadré par le châssis d’une fenêtre ouverte donnant sur un paysage de ciel, de collines et de lac et par un petit portrait féminin accroché au mur. Le tableau s’encastre très précisément dans la coiffure de Julie et accentue l’effet de proximité, voire de miroir, entre la femme réelle et la femme peinte de trois-quarts dont les cheveux blonds sont aussi coiffés en chignon. Le regard sort de son espace et semble jeter un coup d’œil à Julie. Cette peinture rappelle Il ritratto di giovane dama peint par Piero del Pollaiolo en 1470-1472, conservé au Musée Poldi Pezzoli à Milan. Le portrait de Julie dialogue avec le célèbre tableau de la Renaissance italienne. Le paysage dans la fenêtre et le tableautin produisent un effet de mise en abîme de la peinture.

La composition se caractérise par l’orthogonalité des lignes : les verticales du cadre de la fenêtre et de la bande de dentelle blanche jouent avec les horizontales des bras de Julie et des cadres de la fenêtre et du petit tableau. Ces éléments apportent une importante géométrisation. Des lignes courbes comme celles du profil du visage et du dossier de la chaise renforcent l’effet de présence de Julie.

Les couleurs principales, rouge foncé et vert, rappellent certaines œuvres célèbres de maîtres flamands, comme par exemple Les époux Arnolfini de Jan van Eyck.

Ce tableau de Louis Rivier est à la fois une référence à ses sources d’inspiration privilégiées, la Renaissance italienne et la peinture flamande du XVe siècle ainsi qu’un clin d’œil à la grande peinture. Enchâssant un paysage et un portrait dans le tableau, cette œuvre affirme aussi une certaine puissance du peintre. Enfin de manière plus intime, elle manifeste la présence sereine de la femme aimée.