Louis Rivier représente une jeune femme, débout, portant un bébé dans son bras droit et tenant de sa main gauche celle d’un petit garçon. La mère est vêtue d'une robe bleu foncé et d'une longue écharpe rouge qui lui couvre une partie des bras et descend jusqu’aux pieds. De sa main droite, elle l’empêche de glisser sur le côté. Elle penche la tête sur la gauche mais son regard file sur la droite en direction du spectateur. Elle a l’air légèrement inquiète ou du moins concentrée.

Le bébé porte une salopette rouge qui laisse découverts les bras et les jambes, potelés. Il regarde dans la même direction que sa mère. Le garçonnet est vêtu, quant à lui, d’une chemise rouge à manches courtes, dont le bord du col et des manches, est noir. Ses jambes sont nues et il chausse des sandalettes rouges. Le petit garçon a l’air rêveur, il lève les yeux au ciel et sourit, la bouche entrouverte.

Le peintre place les trois figures au centre d'un pré vert flanqué de deux arbres symétriques. Au loin, on reconnait la façade de la maison familiale de Mathod et quelques édifices, dont l’église du village. On aperçoit aussi quelques arbres et une chaîne de montagnes derrière les bâtiments. Le ciel et les montagnes sont peints selon la technique de la perspective aérienne : la profondeur de l'espace est rendue par le dégradé progressif des couleurs et l’atténuation des contours du relief. Le moment de la journée est vraisemblablement celui du coucher de soleil, caractérisé par une lumière bleutée et rosée.

Les trois figures, seules dans ce vaste espace, se rapprochent et se serrent les unes contre les autres, dégageant un sentiment d’intimité et de protection. Il s’agit d’une proximité non seulement spatiale mais aussi sentimentale. Les trois figures tracent une pyramide imaginaire dont la pointe coïncide avec la tête de la jeune femme. Le tableau, dans son ensemble, présente une composition cruciforme résultant du croisement de la ligne horizontale du paysage avec l’axe vertical suggéré par le corps de la mère. De nombreuses lignes obliques s’ajoutent à ce motif de base : elles orientent le regard du spectateur dans différentes directions. Par exemple : la ligne formée par le bras gauche de la mère qui se croise avec le bras droit plié du petit garçon ou la ligne formée par la jambe gauche de ce dernier qui se croise avec celle de son pied.

Cette Maternité fait référence à un genre traditionnel de la peinture religieuse : la représentation de Marie, Jésus et de Jean-Baptiste. Louis Rivier rend profane ce thème classique peignant les membres de sa propre famille : on reconnait sous les traits de la mère le visage de Julie. Le garçonnet est André (né en 1914) et le bébé est certainement France (née en 1916). Le peintre les situe dans un contexte à la fois idéal (une nature calme et idyllique) et réaliste (la référence au village de Mathod). Ses sources d’inspiration pourraient être La Belle Jardinière (1505-1508) de Raphaël caractérisée par la même attitude tendre et protectrice de la mère ainsi que par le paysage à l’arrière-plan.

Le tableau a été peint sur un panneau de bois découpé en arc de cercle. Cette forme particulière, évoquant une porte ou une arche, rappelle celle des panneaux peints situés dans les églises et qui s’adaptent à leur architecture. Le peintre suggère ainsi un autre rapprochement avec la peinture religieuse. Cette composition a été esquissée sur une page d'agenda datée du 1er septembre 1919. On y trouve déjà la pose de la mère et le croisement des pieds du garçon.