Descripteurs généraux
Mots-clés formels
Mots-clés iconographie
Titre:
Portrait d’Henri Vuilleumier
Auteur:
Louis Rivier
Date de création:
1919
Description iconographique:

Ce tableau est un portrait en buste d’Henri Vuilleumier, pasteur et théologien lausannois.

L’homme se tient derrière une sorte de parapet dont on ne voit qu’une partie grise courant le long du bord inférieur du tableau. Buste et visage sont tournés de trois-quarts. L’expression est sérieuse, les lèvres sont serrées et partiellement cachées par sa barbe grise. L’homme porte des cheveux gris, lisses, coiffés en arrière, à l’apparence duveteuse. Il y les yeux clairs, les sourcils touffus de sorte qu’un épi se dresse et se démarque du ciel, à l’arrière-plan. Son nez est droit et large, son oreille gauche est très grande, voire disproportionnée par rapport à la tête. Sa peau, légèrement mate, est traversée par quelques rides, surtout au niveau du nez, du front et des yeux qui sont cernés. L’homme est habillé d’une veste gris anthracite. On entrevoit le poignet et le col d’une chemise blanche. Un nœud papillon foncé est noué autour du cou.

Le cadrage serré exclut une partie du bras gauche, tout comme le dos de la main droite. Celle-ci tient un stylo dont la pointe est cachée par les doigts de l’autre main, ornée d’une alliance. Les mains, dans cette position, semblent presque se joindre en prière. Elles reposent sur le bord du parapet et il en résulte un effet de trompe l’œil, comme si elles pouvaient sortir du cadre. L’orientation du corps, la présence des mains qui apparaissent sur le rebord, les couleurs foncées de l’habit, le cadrage serré, l’effet de trompe l’œil, font référence à l’art du portrait flamand.

La silhouette d’Henri Vuilleumier se démarque d’un ciel bleu clair vaporeux qui surmonte un paysage citadin familier au peintre. Il s’agit d’une vue sur Lausanne où l’on reconnait la cathédrale et l’église Saint-François, entre autres bâtiments. Au loin, le Léman entouré de reliefs bleutés.

Aucun élément décoratif ou architectural ne permet de situer le personnage dans un lieu précis : ni à l’intérieur, ni à l’extérieur. La présence du parapet relève de la structure de la composition plutôt que du réalisme de l’espace. Il est probable que ce décor particulier, choisi par Rivier, ait une connotation symbolique. Cela expliquerait l’irréalisme du contexte. Le peintre réunit en un seul portrait l’esprit intellectuel de Vuilleumier (symbolisé par le stylo, emblème de l’écriture) mais aussi la référence à Lausanne, où le théologien était très actif, en tant que pasteur et professeur.

La gamme chromatique est construite à partir de quatre couleurs principales : le noir, le gris foncé, le blanc et le bleu. La lumière est étale et claire, à peine voilée par une légère brume. Les ombres modèlent les volumes du visage et des mains et façonnent les plis de la veste. Ce portrait est réaliste, voire hyperréaliste. Rivier porte une attention particulière au rendu de la carnation en atteignant, dans la partie consacrée au visage, des résultats photographiques. On distingue chaque ride, cheveu et poil de la barbe, mais aussi, la transparence de l’iris et la rougeur des joues, des paupières et de l’oreille.

Dans la disposition des éléments et dans l’agencement général de ce portrait, il y a quelque chose de déroutant qui s’ajoute au contraste entre la figure et l’arrière-plan : le cadrage serré et l’effet de proximité avec le spectateur procurent une sorte de distorsion des proportions anatomiques. Cela est amplifié par la dimension de l’oreille gauche.

Bien que réalisé dans le but de célébrer un professeur de renom, et bien que contenant des éléments symboliques, ce portrait d’Henri Vuilleumier se présente au spectateur sous un réalisme poussé qui ne dissimule rien et qui souligne, même, certaines de ses caractéristiques physionomiques spécifiques.

Henri Vuilleumier (1841- 1925). « Etudes de théologie à Lausanne (1860-1864, doctorat en 1869), puis à Göttingen et Berlin (1864-1866). Consécration en 1866. Pasteur à L'Etivaz (1867-1868). Professeur d'hébreu au Gymnase classique cantonal de Lausanne (1869-1904). Suppléant d'exégèse de l'Ancien Testament et de langue hébraïque (1868-1869), ainsi que d'exégèse du Nouveau Testament (1875 et 1900), professeur ordinaire d'exégèse de l'Ancien Testament (1869-1923) et d'histoire ecclésiastique du canton de Vaud (1907-1921) à l'Académie, puis à l’Université de Lausanne. Auteur de l'Histoire de l'Eglise réformée du Pays de Vaud sous le régime bernois (4 vol., 1927-1933) et de L'Académie de Lausanne 1537-1890 (1891), Vuilleumier collabora à de nombreuses revues. Docteur honoris causa de l'Université de Berne (1891). » (Dictionnaire Historique de la Suisse, DHS, consulté en ligne, auteur : Toni Cetta).