Ce dessin est une étude de nu pour la composition allégorique célébrant « La Science ». Cette composition, située sur la grande paroi nord, fait partie du cycle décoratif de l’Aula du Palais de Rumine, à Lausanne, projet qui occupe Louis Rivier pendant plusieurs années, de 1915, début officiel des travaux, à 1923.

L’homme représente vraisemblablement la Pensée créatrice. Dans l’œuvre définitive, il forme un duo avec une jeune femme nue qui lui tend la main.

Dans ce dessin, l’homme nu est assis sur un siège carré, de forme géométrique, comme s’il avait été sculpté dans la pierre. Le jeune homme porte le dos de sa main gauche sous son menton, dans la position classique du « penseur ». Il sourit et son regard s’adresse au sol, en direction d’un point indéfini. Son visage est tourné de trois-quarts, vers sa droite. Son corps est aussi de trois-quarts, mais orienté dans la direction opposée. La rotation du buste est accentuée par la position des genoux : l’un soutient le coude du bras gauche, l’autre touche presque le sol. La main droite, très michelangeslesque, tient mollement un crayon entre le pouce et l’index. Ses jambes sont recouvertes d’un tissu qui, glissant vers l’avant, lui découvre les fesses. L’homme a un visage ovale, aux traits élégants, doux et idéalisés. Son corps est imposant et musclé, d’une beauté classique rappelant l’art statuaire grec.

Cette esquisse est exécutée d’un trait souple et libre. La mine de plomb définit avec précision l’anatomie du corps. Louis Rivier porte une attention particulière à la justesse des proportions. Il esquisse rapidement les jambes, les pieds et l’assise. Il décrit plus méticuleusement le visage et le torse. Il crée un léger filet de hachures pour moduler les volumes, en marquant davantage les contours et certains muscles.

Louis Rivier modifiera considérablement cette figure dans son œuvre définitive, en l’allongeant, la tournant de dos et la découvrant complètement. Il deviendra l’homme du duo représentant « La Pensée créatrice ».