Ce dessin faisant partie d’un carnet représente un chemin sinueux traversant un terrain en pente ponctué de quelques arbres.

Le dessin à la mine de plomb occupe le centre d’une feuille. Un espace blanc, comme un cadre, est réservé entre le dessin et les bords de la feuille. On a l’impression d’observer une photographie en noir et blanc déposée sur une surface claire.

Le terrain traversé par le sentier se caractérise par nombreux dénivelés. L’herbe est rendue grâce à un filet de hachures diagonales. Sur la gauche, on voit des arbres dessinés en perspective. Le premier projette une ombre au sol ; sa cime est hors champ, comme cela se produit souvent dans les paysages de Rivier. On entrevoit des branches sèches. La présence d’un arbre dépouillé est caractéristique des paysages, solitaires et silencieux, de Louis Rivier. Cet élément figuratif est souvent associé à la symbolique de la mort, voire de la finitude, et transmet un sentiment voilé de mélancolie.

A l’arrière-plan, on reconnait un couple de cyprès et, sur la droite, un sapin dont l’ombre portée obscurcit le chemin.

Ce paysage est exécuté d’un trait rapide et vibrant. La modulation des gris crée un effet nuancé qui arrondit les formes en atténuant les contours. Aucune ligne nette ne vient s’imposer. La consistance herbeuse, les feuillages des cimes, le ciel légèrement brumeux, prennent aussi vie grâce à un trait souple et doux. Le dessinateur porte son attention sur l’agencement des éléments naturels, mais aussi sur l’impression atmosphérique.

La sinuosité du sentier, la présence des arbres, l’ombre traversant le chemin, la disposition des différents éléments dans l’espace, décrivent une typologie de paysage récurrente chez Rivier, dans ses œuvres peintes comme dans les dessins. A titre d’exemple, on pourrait citer les tableaux Orée de forêt (1907), Paysage de Jouxtens (1912), Sous-bois (Chemin du Stand) (1913), Campagne au printemps (1924) ou encore le dessin Paysage de campagne (carnet de 1908-1910).